En matière climatique, une bonne partie des économistes et des scientifiques parlent depuis trente ans deux langues différentes. Un prix Nobel d'économie a ainsi récompensé l'auteur d'un modèle fixant le réchauffement climatique idéal à 3 degrés, alors même que les climatologues nous avertissent depuis des décennies – comme le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), d'ailleurs – que la Terre deviendrait largement inhumaine au-delà de 2 degrés de réchauffement. Pourtant, le Président de la République semble surpris par cette crise climatique. « Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires, encore cet été, dans notre pays ? », s'interrogeait-il le 31 décembre dernier.
Je peine à savoir si vous considérez vous-même que la rationalité économique ne peut plus se résumer à une simple optimisation de coûts monétaires et que la comptabilité peut contribuer à l'urgente et nécessaire transition écologique. Au-delà des enjeux de compétitivité, que pensez-vous des modèles de comptabilité écologique qui prennent en compte le capital naturel et le capital humain ?
Par ailleurs, l'ANC donne un avis sur toute disposition législative contenant des mesures de nature comptable applicables aux personnes soumises à l'obligation d'établir des documents comptables conformes aux normes de la comptabilité privée. À ce titre, que pensez-vous d'une mesure législative obligeant les multinationales, en particulier celles qui ne participent pas au financement de l'ANC, à intégrer dans leur bilan la dette écologique ?