Je note qu'entre sa sortie d'isolement en avril 2020, après y avoir passé neuf mois, et son entrée en détention ordinaire en février 2021, Franck Elong Abé n'a donc pas passé un an en QSI. Vous avez évoqué les jardins et espaces verts, mais c'est précisément dans ce cadre qu'un incident est survenu puisque Franck Elong Abé a frappé un détenu et fait l'objet de sanctions disciplinaires. Nous n'avons d'ailleurs pas été heureux d'apprendre que Mme Puglierini nous avait menti à ce sujet lors de son audition libre. Je ne sais pas comment vous interprétez ce type d'incident dans le cadre d'une évaluation d'un détenu dangereux censé aller mieux, mais cela aurait dû interroger sur cette « marche en avant », avant de le placer en détention ordinaire.
De même, la CPU dangerosité du mois de mai 2021, bien qu'elle n'ait pas été remontée, fait état de quelqu'un voulant mourir grand par l'islam, alors qu'il a été placé en détention ordinaire en février 2021. Il faut ajouter à cela les deux autres incidents. Tout d'abord celui d'août 2021 qui a été qualifié de tentative d'évasion, au cours duquel Franck Elong Abé attaque un personnel et casse des lumières. Par ailleurs, vous avez dit ne pas en avoir été alerté, mais le DLRP nous a indiqué sous serment avoir fait état, dans le logiciel prévu à cet effet, des pressions que Franck Elong Abé faisait subir aux détenus dans le cadre de sa candidature au poste d'auxiliaire. Malgré ces deux incidents survenus en août 2021, la « marche en avant » se poursuit le 28 septembre 2021 : le détenu obtient un emploi, il devient auxiliaire.
Votre récit sur le cours de sa détention est donc quelque peu contre-intuitif au regard des incidents signalés. Nous avons également appris par les services de renseignement la semaine dernière qu'il avait combattu en Afghanistan et attaqué l'armée pakistanaise. Par conséquent, cette « marche en avant » nous laisse interrogatifs, voire pantois. D'autant que les incidents relatés nous ont été cachés lors des auditions libres. Pas simplement cachés d'ailleurs, puisque Mme Puglierini a affirmé à la représentation nationale que Franck Elong Abé n'avait pas souhaité poursuivre sa formation jardins-espaces verts, car celle-ci n'était pas faite pour lui et qu'il accusait trop d'absences. La version qu'elle nous a livrée est donc contraire à la réalité. Nous ne comprenons pas l'écart entre, d'une part, le roman raconté et, d'autre part, les faits constatés.