Intervention de Camille Hennetier

Réunion du mercredi 18 janvier 2023 à 14h30
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l'administration pénitentiaire et de l'appareil judiciaire ayant conduit à l'assassinat d'un détenu le 2 mars 2022 à la maison centrale d'arles

Camille Hennetier, cheffe du service national du renseignement pénitentiaire :

Certes, les traits de caractère de Franck Elong Abé incitaient à la vigilance. Mais je ne pense pas qu'il y ait eu un défaut de vigilance à cet égard et il était suivi de près par les services concernés. Le fait qu'un détenu soit radicalisé, violent et responsable d'incidents constitue une incitation à la vigilance et une source d'inquiétude, mais ne permet pas de détecter un éventuel passage à l'acte.

À l'époque et aujourd'hui encore, on compte 500 TIS. Nombre d'entre eux présentent un profil de radicalisation extrême et un potentiel de violence inquiétant. À cet égard, Franck Elong Abé ne se situait pas au-dessus du haut du panier, si vous me permettez cette image. Il appartient à cette frange de détenus très radicalisés qui ont un potentiel de violence et qui sont malheureusement nombreux. Cette situation appelle à la vigilance et c'est la raison pour laquelle le SNRP a été créé. Cependant, dans ce cas, compte tenu de ce qui a pu être observé, le passage à l'acte n'était pas détectable en tant que tel. Sa sortie prévue en 2023 provoquait en revanche une réelle inquiétude.

S'agissant de l'évaluation de la radicalisation, vous avez raison : il s'agit d'évaluer l'imprégnation idéologique mais aussi de savoir dans quelle mesure cette imprégnation peut conduire l'individu à avoir recours à la violence et à représenter un danger pour les autres. Le QER est un outil pénitentiaire, qui permet d'obtenir la photographie d'un détenu et d'envisager au mieux son affectation future au sein d'un établissement, si l'on sent qu'il y a une prise sur lui et qu'on espère pouvoir entamer un travail. Encore faut-il que la personne adhère à ce dispositif de prise en charge, qui repose sur des entretiens avec des psychologues, sur des activités collectives et sur des observations. Certains détenus n'adhèrent pas du tout ; certains instrumentalisent ce moment pour donner d'eux une image lisse, en vue d'échéances judiciaires par exemple ; d'autres assument leur radicalité. Je pense que Franck Elong Abé a été identifié comme un détenu qui n'adhérait pas à ce type de dispositif et pour lequel le bénéfice attendu était relativement faible.

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