Intervention de Bénédicte Lesage

Réunion du mardi 24 janvier 2023 à 17h50
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Bénédicte Lesage :

Des journalistes conviés à l'Élysée auxquels on donne des éléments de langage ne sont pas obligés de les reproduire tels quels. Ils conservent leur liberté de journaliste et peuvent les présenter comme le point de vue du pouvoir, qu'il leur incombe, par respect du pluralisme des opinions, de présenter aux côtés d'autres points de vue.

L'Arcom est là pour défendre le pluralisme des opinions, ce qui est particulièrement important dans une société traversée de fortes tensions. La diversité qu'incarnent les groupes politiques de l'Assemblée nationale reflète la diversité des points de vue au sein de la société française sur les grandes questions qui se posent à elle. Nous n'avons pas évoqué la préservation de l'environnement, mais l'Arcom a un rôle à jouer s'agissant de l'application des dispositions de la loi « climat et résilience » dans la communication audiovisuelle et de la promotion de pratiques plus respectueuses de l'environnement.

Je ne m'avancerai pas sur les outils dont dispose l'Arcom pour faire respecter le pluralisme des opinions, de crainte de dire des bêtises. L'Arcom, comme les journalistes et les créateurs de contenus, doit être vigilante en matière d'indépendance et de transmission d'une information cadrée, distinguant entre la pensée d'un gouvernement donné et celle de tel ou tel groupe politique. Il importe de cadrer l'information pour les gens, pour que chacun sache d'où vient la parole et ce qu'elle représente.

S'agissant de la prise de position de la ministre de la Culture sur la reconduction des autorisations de diffusion, chacun peut comprendre que certains propos tenus à l'antenne soient ressentis comme choquants. L'Arcom, quant à elle, doit veiller à prendre ses décisions en toute indépendance. Elle n'est pas un outil de gouvernement, mais de démocratie.

S'agissant de l'avis émis par Cyril Hanouna sur le service public de l'audiovisuel, il s'inscrit dans une pluralité d'opinions. L'Arcom est là non pour sanctionner à la demande du Gouvernement, mais pour rappeler que l'attribution gracieuse de fréquences, grâce à laquelle des sociétés privées s'enrichissent, va de pair avec le respect des fondamentaux de notre démocratie. Si les opinions peuvent être diverses, l'absence de contradicteur en présence de l'expression d'une opinion tranchée me gêne un peu. La démocratie vit du dialogue entre individus aux opinions diverses.

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