Le 19 janvier, plus de 2 millions de manifestants ont défilé partout en France contre le projet de réforme des retraites présenté par le Gouvernement. Deux jours avant la journée d'action, la communication de l'Élysée organisait une petite rencontre dont elle a le secret, à savoir un déjeuner avec le Président de la République et dix éditorialistes de la presse parisienne convoqués à peine vingt-quatre heures avant – ce n'est pas moi qui le dis mais Ève Roger, dimanche dernier, dans sa chronique « C médiatique » sur France 5. « L'objectif de l'Élysée », poursuivait la chroniqueuse, « c'est qu'Emmanuel Macron […] donne lui-même les éléments de langage aux dix journalistes les plus influents de la presse parisienne afin que la parole présidentielle infuse dans l'opinion et pourquoi pas l'influence. » Jusque-là rien que de très banal, me direz-vous ; mais il y a une condition de taille pour ce déjeuner : « Les journalistes ne doivent pas dire qu'ils ont vu Emmanuel Macron et donc ne peuvent pas le citer. » Ce secret, fort mal gardé apparemment, ne peut que renforcer la méfiance déjà extrême des Français envers les médias. Dans une telle situation, comment l'Arcom pourrait-elle intervenir afin d'assurer l'indépendance des médias ?