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Intervention de le vice-amiral d'escadre Jacques Fayard

Réunion du mercredi 11 janvier 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

le vice-amiral d'escadre Jacques Fayard, commandant les forces sous-marines et la force océanique stratégique :

La force dont j'ai la responsabilité compte environ 400 atomiciens officiers mariniers et 100 officiers atomiciens. Je dois en recruter 60 par an, tout en sachant que la phase de formation est longue et exigeante. Dans un contexte très concurrentiel, nous faisons feu de tout bois. La Marine offre des avantages comparatifs, notamment pour les jeunes : ce sont des métiers qui non seulement sont techniques et opérationnels, mais qui permettent de répondre à la volonté d'engagement, car la mission a du sens.

Hors atomiciens, je dois recruter 360 sous-mariniers chaque année. J'y parviens, mais la dimension qualitative requiert toute ma vigilance, car nous ne saurions diminuer notre niveau d'exigence.

Nous avons créé, au sein de l'École des applications militaires de l'énergie atomique, à Cherbourg, des brevets de technicien supérieur (BTS) dédiés au recrutement d'atomiciens. Plus généralement, pour renforcer l'attractivité des forces sous-marines, nous avons joué sur le levier indemnitaire pour tenir compte de la spécificité du métier ainsi que des qualifications requises. Nous avons essayé de rendre plus facile de concilier la vie familiale et la vie professionnelle. La montée en gamme des compétences, par ailleurs, participe de cet écosystème valorisant pour les jeunes.

S'agissant de la fidélisation, la gestion du flux des départs est un enjeu important. Quinze années sont nécessaires pour former un sous-marinier dans les domaines d'expertise, notamment le nucléaire. Or la durée de service est d'environ dix-huit ans et demi. Pour supporter de s'enfermer aussi longtemps à bord d'un sous-marin, il faut être jeune. Il importe de préparer les départs. Nous devons accompagner les sous-mariniers. Il est possible, par exemple, de leur confier des fonctions d'instruction, de mentorat et d'entraînement, afin que leur départ intervienne au moment le plus opportun.

La question des drones soulève celle du contrôle politique : confieriez-vous à une intelligence artificielle la mise en œuvre d'une arme nucléaire ? Poser la question, c'est y répondre. Le problème de l'endurance à la mer des drones doit aussi être souligné : nos sous-marins assurent la permanence grâce à la propulsion nucléaire, qui leur garantit une durée de vie sous l'eau indéfinie. En outre, la méthode de communication des drones avec les autres éléments pourrait poser problème, notamment s'ils utilisent des basses fréquences, alors qu'il est déjà difficile, en opération, de coordonner l'action des bâtiments de surface, des sous-marins et des avions de patrouille maritime. Cela dit, certaines applications très pratiques des drones, notamment dans le domaine de la guerre des mines, qui en utilise déjà, pourraient se révéler pertinentes.

Enfin, je tiens à souligner notre fierté de travailler avec l'écosystème local de l'île Longue, qui regroupe chaque jour 2 500 personnes, 300 entreprises et 160 chantiers d'infrastructures. Ces acteurs font preuve d'une réactivité extraordinaire. Le sens de la mission qui les habite n'est pas lié à leur nature militaire ou civile. Le soutien de l'hôpital d'instruction des armées (HIA) Clermont-Tonnerre nous est également très utile pour préparer les médecins embarqués à officier en totale autonomie durant leur patrouille. L'écosystème brestois est ainsi une belle démonstration du génie français.

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