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Intervention de l'amiral Pierre Vandier

Réunion du mercredi 11 janvier 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

l'amiral Pierre Vandier, chef d'état-major de la Marine :

Merci à tous pour vos vœux.

Je vous remercie aussi pour la qualité de vos interventions, qui témoignent à la fois de votre compréhension des enjeux et du fait que la dissuasion, comme je l'indiquais, est une matière vivante.

S'agissant du recrutement des atomiciens, de nombreux jeunes sont intéressés par ce domaine. La filière est donc vivante, même s'il est vrai que le contexte industriel et économique fait peser une pression importante. Cela demande beaucoup d'engagement et d'efforts, mais à ce stade nous parvenons à recruter les effectifs dont nous avons besoin.

La problématique porte plutôt sur la fidélisation, qui ne concerne pas seulement les atomiciens. En raison du dynamisme du marché du travail, notamment s'agissant des profils dotés de compétences très pointues, nous faisons face à des taux de départs importants s'expliquant par l'attrait de salaires plus élevés, associés à de moindres contraintes. La fidélisation du personnel est donc l'un des enjeux majeurs de la nouvelle LPM.

La FANU a débuté à la fin des années 1970, sur les porte-avions Clémenceau et Foch puis sur le Charles de Gaulle. L'objectif est d'accroître l'ambiguïté : non seulement personne ne sait si l'arme nucléaire est réellement présente à bord, mais le porte-avions navigue dans tous les océans. Cela renforce la crédibilité de la dissuasion nucléaire.

Concernant la question de Monsieur Piquemal sur le signalement des mouvements de nos sous-marins nucléaires d'attaque (SNA), qui n'emportent pas d'arme nucléaire, seulement portée sur les SNLE : des spotters font de leur activité de transmettre ces mouvements sur internet. Dans les cas que vous citez, il s'agit de l'activité courante de nos SNA.

Concernant le porte-avions de nouvelle génération, lors d'une audition au Sénat, la question de sa vulnérabilité a été soulevée. Tout système militaire est vulnérable. Au cours d'une guerre, des porte-avions sont coulés, des bases aériennes sont détruites et des avions sont abattus. Toutefois, nous pensons que l'exercice de la puissance aérienne en haute mer, dans des espaces considérables, requiert des plateformes permettant de déployer des avions de dernière génération. De nombreux pays se dotent ainsi de moyens de puissance aérienne en haute mer. Le porte-avions est par ailleurs un outil de signalement stratégique. Enfin, il est au cœur d'un dispositif qui le protège : le groupe aéronaval (GAN). Si le Charles de Gaulle était installé place de la Concorde, la première frégate de défense aérienne serait située sur le périphérique, la frégate de lutte anti-sous-marine serait à Lyon, le SNA en Corse, le Hawkeye en Sardaigne. Tout développement sur le sujet du porte-avions doit donc être appréhendé en tenant compte de la complexité et de la puissance de ce dispositif.

Pour ce qui concerne l'espace, il s'agit d'un domaine transparent. À partir de la Terre, il est quasiment possible d'observer les confins de l'univers. En outre, on commence à déployer des radars spatiaux. Quand bien même on déciderait de stationner des armes dans l'espace – ce qui irait à l'encontre des traités internationaux de démilitarisation de l'espace –, elles y seraient donc visibles en permanence, ce qui n'est pas compatible d'une logique de dissuasion.

Des travaux spécifiques ont été consacrés aux populations ultramarines dans le cadre de la préparation de la LPM. Il est utile de rappeler que la doctrine de la dissuasion française est « tout azimut » et qu'elle couvre nos intérêts, où qu'ils soient.

Les drones – aériens, de surface et sous-marins – font partie des technologies qui émergent. Même si des progrès sont enregistrés, de nombreuses questions persistent quant à la possibilité d'utiliser militairement ces appareils. Près des côtes, des drones apparaissent – je pense notamment de gliders sous-marins – mais leurs capacités de transmission et de détection sont réduites. Nous avons expérimenté ces appareils lors de l'exercice Polaris fin 2021, et nous continuerons à le faire dans le cadre de l'exercice Orion début 2023. Les drones sont prometteurs mais ne remplaceront pas à court ou moyen terme l'action humaine en mer. Compte tenu de la complexité du bâtiment et du coût que cela représenterait, on ne réussira pas tout de suite à transformer un SNLE en drone géant.

Les questions relevant de la stratégie – notamment celle portant sur l'Iran – n'entrent pas dans le cadre de mon propos.

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