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Intervention de Yannick Chenevard

Réunion du mercredi 11 janvier 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Chenevard :

Le 13 février 1960, la France procédait à son premier essai nucléaire ; en octobre 1964, débutait la permanence de la dissuasion nucléaire française avec la première prise d'alerte d'un Mirage IV armé d'une bombe AN-11 – cette permanence n'a jamais été interrompue.

Le 15 février 1965, à l'École navale, le général de Gaulle prononçait la phrase suivante, qui témoigne de la vision accompagnant alors la dotation de la France d'une arme nucléaire, rehaussant ainsi notre pays parmi ses alliés et le dispensant de protecteurs : « pour ce qui est du pays », il s'agit d'avoir une Marine « qui soit en mesure de frapper fort, de frapper comme c'est sa nature, sur la mer et, depuis la mer, tout ennemi de la France, de le frapper avec les armes les plus puissantes qui soient et de le frapper, le cas échéant, sans réserve et sans conditions ».

Le 14 janvier 1994, l'Ukraine signa à Moscou un accord proposé par la Russie et les États-Unis, aux termes duquel les 1 500 ogives nucléaires qui faisaient de ce pays le troisième le plus doté seraient transférées en Russie. Le 24 février 2022, la Russie lança les opérations d'invasion de l'Ukraine. CQFD.

Dans La Dissuasion au troisième âge nucléaire, amiral, vous écrivez : « Or précisément, c'est parce qu'on craint le pire, parce que demeure dans les esprits la mémoire des carnages classiques du xxe siècle, qu'on s'interdit de rentrer dans un monde de violence illimitée. Le spectre de la violence absolue est facteur de limitation de la violence pratique. La crédibilité de l'emploi des armes nucléaires est la clé de voûte de la doctrine de dissuasion. »

Depuis le début du conflit en Ukraine, la Russie laisse planer la possibilité d'employer des armes préstratégiques, ou tactiques, comme le prévoit la doctrine russe, sur un champ de bataille. Cette posture ne réaffirme-t-elle pas davantage l'importance du porte-avions comme porteur de l'ASMPA et sa capacité à mener des frappes en profondeur vers la terre ou en mer, en faisant peser une pression importante sur l'adversaire, en fonction des mouvements du groupe aéronaval ?

En y associant les membres de la commission, je voudrais redire notre admiration envers celles et ceux qui, dès le début du conflit en Ukraine, ont permis une montée en puissance quasiment instantanée de notre capacité de menace nucléaire, bien visible à son départ de Brest. Pour les observateurs, c'est cela aussi, la dissuasion.

Les études concernant le SNLE 3G, très avancées, montrent que la nation ne saurait s'affaiblir dans ce domaine. La LPM consacre à l'ensemble de la dissuasion nucléaire plus de 37 milliards d'euros. La partie relative aux outils est donc planifiée. Cependant, rencontrez-vous des difficultés à recruter et conserver des atomiciens, compte tenu de l'appel d'air externe exercé par le retour de la filière civile, alors que nous travaillons déjà sur le réacteur K22 de nos futurs bâtiments ?

Enfin, amiral Vandier, le conflit en Ukraine tend à faire oublier que l'Iran aura prochainement accès au nucléaire militaire, si ce n'est déjà fait. Quelles en sont les conséquences sur les équilibres régionaux dans cette zone sensible ?

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