Cet index seniors est un marché de dupes. Au fond, la question des seniors touche aux discriminations, et à une idéologie selon laquelle on est productif quand on est fort, en bonne santé et capable de dépasser ses limites – quand « on y va ». Or favoriser l'emploi des seniors exige d'accepter la différence, celle d'un parcours de vie qui n'est pas linéaire et qui n'obéit pas aux critères dominants du monde du travail.
Ce n'est pas cet index qui changera cette idéologie. Il faut des mesures de politique publique, mais également une autre vision des choses. Votre réforme reportant l'âge de départ à la retraite à 64 ans incitera concrètement les gens à ne cesser de devoir dépasser leurs limites et à être performants sur le marché du travail. Mais en l'occurrence, les personnes dont nous parlons ne sont plus performantes, selon les critères dominants.
Votre index senior n'est donc qu'une feuille de salade dans un plat, qui ne change rien à son goût. C'est un simple décor pour nous faire croire qu'une contrainte est imposée aux entreprises alors que ce ne sont que les salariés et leurs corps qui sont contraints.