Nous abordons le nœud de cette réforme. Au fond, vous prétendez équilibrer un déficit de la pire des façons : avec un impôt dégressif sur la vie. Ceux qui n'ont pas grand-chose vont payer beaucoup et ceux qui ont beaucoup ne vont pas payer grand-chose !
J'insiste, dans cette question des seniors réside le point central du problème. Les deux meilleures années de vie à la retraite – celles où on est encore en bonne santé – vont devenir les deux années les plus difficiles de l'âge actif, puisqu'à ces âges, on a une chance sur deux de se trouver dans une situation de précarité et de chômage.
Ainsi prenez-vous les choses complètement à l'envers. Le projet de loi que vous nous proposez devrait en réalité être un texte précédant éventuellement une réforme des retraites. Car si nous augmentons le taux d'emploi des seniors de 10 %, il n'est plus nécessaire de procéder à votre réforme des retraites.
À cet égard, la meilleure des preuves, c'est que vous n'attendez rien de l'augmentation du taux d'emploi des seniors, aucune simulation du COR – Conseil d'orientation des retraites – ne prévoyant d'hypothèse de son augmentation – pas plus d'ailleurs qu'il n'envisage une progression du taux d'activité des femmes. En définitive, vous continuez de consacrer cette inégalité contre laquelle nous nous battons.
Il eût fallu d'abord réfléchir à la manière dont nous organisons la déqualification des travailleurs dans notre pays, avec une perte de capital humain. En effet, ce sont les générations d'actifs les plus jeunes qui se forment le plus, quand en Finlande ce sont à l'inverse les générations de seniors qui, pour s'adapter au travail, pour gérer leur transition professionnelle, pour s'adapter aux nouvelles technologies, se forment davantage. Et il conviendrait aussi de travailler plus sérieusement que vous ne l'avez fait à la question de la pénibilité et à sa prévention.
Il y a donc de nombreuses propositions qu'il faudrait formuler, plutôt que votre machin, qui ne sert à rien et qui ne constitue qu'un supplément d'âme un peu maigre à une réforme qui demeurera injuste.