« Les quarante dernières secondes qui me restent, je veux les consacrer à nos enfants. On a parlé de notre jeunesse, qui a tant souffert pendant le covid. Et au fond, on se bat tous, chacun avec nos différences, nos sincérités, pour nos enfants. » Ces mots, Emmanuel Macron les a prononcés le 20 avril dernier, lors du débat de l'entre-deux tours. Quand je les ai entendus, je travaillais encore comme éducatrice spécialisée en protection de l'enfance. Aujourd'hui, je les répète à cette tribune avec une légère amertume. En effet, depuis qu'Emmanuel Macron les a prononcés et a annoncé faire de la protection des enfants une grande cause de son quinquennat, nous assistons à un véritable effondrement des dispositifs de protection de l'enfance. Les signaux d'alarme viennent des travailleurs sociaux, des magistrats, des personnels de l'aide sociale à l'enfance (ASE), des représentants des assistants familiaux, des familles, des femmes et mères victimes de violences conjugales, et même de la Défenseure des droits. Ils viennent de toutes parts, car tous les maillons de la chaîne de protection de l'enfance dysfonctionnent.
Il ne suffit pas de dire que nous nous battons tous sincèrement pour nos enfants, car il est évident que ce sujet nous touche toutes et tous. Mais, tout comme la lutte contre les violences faites aux femmes, ce n'est pas un sujet qui se paye de grands mots. C'est un sujet profondément politique, imbriqué dans plusieurs de nos politiques publiques si affaiblies aujourd'hui qu'il n'est plus possible d'assurer effectivement la protection des enfants.