Déjà, en 1919, le pédiatre Janusz Korczak posait des bases solides en affirmant : « L'enfant a le droit au respect de sa dignité et de son amour-propre, ne pas piétiner, ne pas humilier […], laisser vivre sans décourager, ni brusquer, ni presser. Du respect pour chaque minute qui passe. » Ces bases-là sont celles d'une éducation saine, sans mépris ni violence. Ces bases-là, nous ne les avons pas encore.
Chaque jour, à La Réunion, sept enfants en moyenne sont identifiés par la cellule de recueil des informations préoccupantes (Crip) comme étant en danger. Depuis 2019, les signalements directs ont augmenté de 60 % et le nombre de saisines du parquet par la Crip a été multiplié par quatre. Nous savons que le nombre d'enfants en danger reste sous-estimé : de trop nombreux marmailles, comme on dit chez moi, passent sous les radars.
À La Réunion comme dans l'Hexagone, la majorité des violences faites aux enfants se déroulent dans le cercle familial. Le psychiatre Boris Cyrulnik disait : « La famille, ce havre de sécurité, est en même temps le lieu de la violence extrême. » C'est pour lutter contre celle-ci que la protection de l'enfance doit être une priorité immédiate et absolue : nous n'avons pas le droit de laisser ces crimes tomber dans le gouffre de l'accoutumance, de l'indifférence et du laisser-aller de la société tout entière.
Celui-ci crée et favorise un angle mort meurtrier : celui de la lenteur des procédures. Ce coin d'ombre dans lequel sont plongées les victimes de violences est plus sournois encore pour les enfants, qui ne sont jamais entendus. Ce sont eux que la proposition de loi de notre collègue Isabelle Santiago vise à défendre, et c'est pour eux que le groupe GDR – NUPES soutiendra ce texte qui s'inscrit pleinement dans la lignée des combats qu'il mène. Il s'agit d'un sujet transpartisan.
Les trois articles du texte, qui suivent les recommandations émises par la Ciivise…