La réforme des retraites avortée de 2020 se voulait une réforme systémique. Elle fut présentée par le Président de la République comme une réforme équitable et universelle tournant le dos à une réforme paramétrique. Une telle réforme qui prévoirait, à l'instar de la réforme dont nous débattons, un report de l'âge légal de départ à la retraite, aurait été, selon ses propres mots, injuste. Trois ans plus tard, il n'en est plus rien et ce report devient l'alpha et l'oméga de la réforme. À la lecture du projet de loi qui nous est aujourd'hui présenté, une évidence s'impose : il faut tout reprendre de zéro et remettre l'ouvrage sur le métier. Tel était déjà le sens de la loi du 9 novembre 2010 qui avait prévu, dans son article 16, la mise en route, au premier semestre 2013, d'une grande réflexion nationale pour ouvrir des pistes de réforme en profondeur de notre système de retraite.
Il est plus que temps qu'une telle réflexion soit menée de façon approfondie, transparente et démocratique. Tout doit être mis en œuvre pour qu'elle ne soit pas confisquée par telle ou telle catégorie de la population qui aurait intérêt au statu quo. Les travers constatés lors de la commission Moreau de 2014, dont 80 % des membres relevaient d'un régime spécial de retraite, réapparaissent de manière amplifiée avec la réforme proposée par le Gouvernement. Il n'est plus possible de repousser une réforme globale systémique qui seule permettra de sauvegarder nos retraites. Il est donc essentiel de définir une procédure à même de faire aboutir une vraie réforme en profondeur de notre système de retraite, sans s'attaquer pour autant aux régimes bénéficiaires, comme celui de la Banque de France.