Recourir à un PLFSS rectificatif pour réformer les retraites présente un premier inconvénient : vous vous enfermez d'emblée dans une approche excessivement comptable, au mépris de la prise en compte des conséquences réelles du recul de l'âge légal à 64 ans pour nos concitoyens.
Le deuxième inconvénient, c'est que nous n'avons aucune visibilité alors qu'elle serait indispensable, monsieur le ministre chargé des comptes publics. Je souligne avec un peu de solennité que l'étude d'impact qui accompagne ce projet de loi de financement est d'une indigence que l'ensemble des observateurs ont déplorée. Elle n'éclaire nullement les législateurs que nous sommes alors qu'il s'agit de réformer les retraites.
En outre, et nous aurons l'occasion d'y revenir, vous fondez vos prévisions sur la convention équilibre permanent des régimes, dite EPR, plutôt sur la convention effort de l'État constant, dite EEC. Ce choix de principe a pour conséquence de gonfler artificiellement les futurs déficits des régimes de retraite au détriment d'autres scénarios. Citons aussi l'abandon du modèle Mesange – modèle économétrique de simulation et d'analyse générale de l'économie –, développé par l'Insee et la direction générale du Trésor. Autant d'éléments que vous jugez sans doute trop keynésiens, vous qui êtes devenus néolibéraux.
Bref, faute de visibilité et de prévisions sérieuses, nous ne pouvons appréhender dans de bonnes conditions les conséquences de votre réforme.