Nous sommes donc en droit de penser que le projet de loi n'est qu'un alibi pour avancer vers une reprise du nucléaire. Si nous faisons le parallèle entre ces deux textes, c'est bel et bien parce qu'il y a deux poids, deux mesures. J'en donnerai deux exemples.
Premièrement, alors que la planification du déploiement des énergies renouvelables tourne en rond, puisque le référent préfectoral ne peut toujours pas terminer la procédure pour atteindre les objectifs de la PPE, l'État reprend clairement la main sur l'installation de nouvelles centrales nucléaires en imposant une mise en compatibilité autoritaire des documents d'urbanisme. On est très loin du droit de veto des communes pour l'implantation d'éoliennes.
Deuxième exemple : alors que nous dénoncions un projet de loi qui ne partait pas des besoins et qui ne se fixait aucun objectif, nous avons été renvoyés à la discussion de la future PPE. Là encore, le projet de loi nucléaire fixe, lui, des objectifs très clairs, en engageant la construction de six à quatorze nouveaux réacteurs, et pourquoi pas de neuf réacteurs supplémentaires. Comble du cynisme, nous apprenons par la presse que la France pourrait défendre un objectif de 45 % d'énergies renouvelables au niveau européen, mais seulement si les objectifs assignés à chaque État membre sont pondérés en fonction de l'intensité carbone de leur mix électrique – autrement dit, si la reprise du nucléaire nous permet de nous dispenser du nécessaire effort de développement des renouvelables. Vous l'aurez compris, nous ne sommes pas dupes de cette entourloupe générale qui confine à la malhonnêteté intellectuelle.
Pour revenir précisément sur le texte, toutes les lignes rouges ont été franchies. Le droit de veto pour les maires, transformé en droit de veto pour les conseils municipaux, est maintenu dans les procédures de planification ; entre les nouvelles restrictions et la présence des zones d'exclusion, on se demande bien où pourront s'implanter de nouvelles installations d'énergies renouvelables.