Deux tiers : c'est la part d'énergies fossiles dans notre consommation finale d'énergie. Deux tiers de gaz, de fioul, de pétrole, dont nous ne pouvons pas nous passer aujourd'hui pour notre industrie, pour nous déplacer et nous chauffer ; deux tiers d'énergies fossiles importées, au détriment de notre balance commerciale comme de notre souveraineté.
Deux mille trente-cinq : c'est la date à laquelle vingt-six de nos cinquante-six réacteurs nucléaires arriveront au terme de cinquante années d'exploitation. Tous devront alors passer le cap d'un contrôle de sûreté approfondi pour être prolongés dix années de plus. Vous le savez, en matière énergétique, 2035 c'est demain.
Soixante pour cent : c'est, selon Réseau de transport d'électricité (RTE), la proportion d'électricité que nous devrons produire en plus à l'horizon 2050 pour répondre aux besoins croissants d'électrification de l'industrie, des transports et des bâtiments, si toutefois nous voulons devenir le premier grand pays industriel au monde à sortir des énergies fossiles et à atteindre la neutralité carbone.
Ce projet de loi d'accélération de la production d'énergies renouvelables est une réponse à ces trois chiffres : trois chiffres qui soulignent la nécessité d'agir ; trois chiffres qui démontrent à quel point notre pays se trouve à un tournant historique. Si nous voulons devenir enfin maîtres de notre destin énergétique, nous ne pourrons nous passer d'aucune énergie décarbonée, nucléaire comme renouvelable, tant la marche à franchir est haute.
Nous devons accélérer. Accélérer, car nous sommes le seul pays européen à ne pas avoir atteint ses objectifs de déploiement des énergies renouvelables. Accélérer, car face au dérèglement climatique, tous les scientifiques nous disent que nos prochains objectifs devront être encore plus ambitieux.
Voici l'ambition de ce texte : lever tous les verrous qui retardent le déploiement des projets d'énergie renouvelable – ni plus, ni moins. Il ne s'agit ni d'allouer des moyens financiers, qui sont déjà prévus dans le projet de loi de finances, ni d'anticiper la future loi de programmation sur l'énergie et le climat, dont nous cernons déjà les contours, ne serait-ce que parce qu'elle nous conduira à déployer plus d'énergies renouvelables.
Pour répondre à cette ambition d'accélération, j'avais pris un engagement devant vous, celui de coconstruire ce texte avec tous ceux qui veulent agir pour le pouvoir d'achat des Français et la compétitivité de nos entreprises, avec tous ceux qui veulent défendre l'indépendance industrielle, énergétique et politique de notre pays, avec tous ceux qui veulent véritablement lutter contre le dérèglement climatique.
Après plus de quatre-vingt-dix heures de débats en commission, puis en séance, et l'adoption de 645 amendements qui, pour près de la moitié, étaient défendus par les groupes d'opposition,…