que l'Union ne sera qu'une apparence si elle ne se donne pas les moyens d'armer ses valeurs. Grâce à vous, chers amis d'Ukraine, nous faisons enfin nôtres les paroles que Thucydide prête à Périclès : « Il n'y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans vaillance ».
Si l'Ukraine nous rappelle au devoir de vaillance nous lui ouvrons un monde dont l'accès lui avait jusque-là toujours été refusé : un monde où la force n'exclut pas le droit, où l'on sait que l'on ne défend vraiment ses intérêts légitimes qu'à la condition de prendre en compte ceux des autres, où les gens s'envisagent au lieu de se dévisager, où nul n'ignore qu'il n'est pas d'élargissement qui vaille sans un solide renforcement des institutions communes. C'est la rencontre de ces deux exigences qui fera de l'Europe un acteur à part entière. En 1051, Anne de Kyïv, fille de Iaroslav le Sage, devenait reine de France par son mariage avec Henri Ier , troisième souverain de la dynastie capétienne. Mille ans ont passé depuis lors, et la princesse d'Ukraine, naguère lointaine, désormais toute proche, est de retour parmi nous. Puissions-nous, madame la Première ministre, mes chers collègues, l'accueillir pour ce qu'elle est devenue : une immense figure de résistance, qui s'est donné la mission d'arracher nos peuples désorientés à leur somnolence historique et qui, pour citer Malraux, porte aux yeux du monde l'honneur de l'Europe entière « comme un invincible songe ».