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Intervention de Manuel Bompard

Réunion du mercredi 18 janvier 2023 à 14h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaManuel Bompard :

Ce nouvel instrument s'inscrit dans ce que l'on pourrait espérer être la fin de la naïveté européenne sur les bienfaits d'un marché où l'intervention de la puissance publique est proscrite. Il aura fallu attendre les conséquences désastreuses de la crise du Covid et de la guerre en Ukraine pour que la Commission européenne commence à sortir de ses obsessions néolibérales et à prendre conscience que l'Union européenne est aujourd'hui la seule grande zone économique du monde à refuser toute forme de protectionnisme ou de planification économique. Pourtant, cet instrument est bien moins coercitif que ses équivalents japonais, coréen ou américain.

À l'heure où les États-Unis deviennent plus interventionnistes que jamais, nous risquons de payer cher ce manque d'ambition. En outre, le mécanisme est extrêmement complexe dans son fonctionnement et sa mise en œuvre. Surtout, il suppose l'abdication totale de la souveraineté des Etats membres, qui, en cas d'urgence, doivent s'en remettre entièrement et exclusivement à la Commission européenne. On peut être sceptique à l'idée de laisser à Mme Vestager, qui se refuse à toute intervention de la puissance publique, en charge de piloter ces interventions.

Enfin, la concurrence généralisée au sein même de l'Union européenne est la première source des graves dysfonctionnements rencontrés par notre économie, notamment dans sa dimension industrielle. Ce dont a le plus souffert la France est sa désindustrialisation. Or, le marché unique porte une responsabilité importante en la matière. D'après une étude réalisée en 2016 par la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail, 82% des 912 délocalisations répertoriées dans l'Union européenne entre 2003 et 2016 concernent le secteur manufacturier. Près de la moitié de ces délocalisations étaient réalisées au sein de l'Union européenne. En France, l'industrie manufacturière a été la plus concernée par les délocalisations, dont 55% d'entre elles se produisent au sein de l'Union européenne.

Je salue tout de même votre appel à défendre le droit de grève dans l'avis politique.

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