Madame la Première ministre, comment se fait-il que soixante-dix-sept ans après la départementalisation des vieilles colonies, censée rétablir un principe d'égalité avec l'Hexagone, ce poème de Léon-Gontran Damas reste criant d'actualité ?
Pourriez-vous m'expliquer comment cette réforme pourrait s'appliquer à nos territoires où la majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où notre réalité est celle de vies actives fragmentées, où est d'ores et déjà appliquée une politique à deux vitesses ? En effet, alors que les fonctionnaires bénéficient d'une prime de vie chère, vous refusez de majorer le Smic versé à nos peuples que vous précarisez.
Dès l'élaboration de la loi, vous regardez en l'air et ignorez notre histoire, nos traditions, nos réalités. Pensez-vous réellement qu'une telle réforme réponde à la situation d'urgence que traversent les Françaises et les Français ?
J'aimerais conclure en paraphrasant Aimé Césaire, dont les propos toujours actuels traduisent l'inertie des politiques menées depuis la départementalisation de nos territoires : « quand donc [cesserons-nous] d'être le jouet sombre au carnaval des autres » ? Ministres, exécutif, parlementaires, sachez-le : nous ne nous contenterons plus d'assister à la politique des autres.