Je n'ai pas répondu à la question posée plus tôt sur les meurtres entre codétenus. Je rappelle que les deux tiers des détenus que nous hébergeons sont là pour des faits de violence commis à l'extérieur. La détention elle-même peut générer des violences, et le surencombrement peut être un facteur aggravant. Ce sujet doit être pris très au sérieux. La sécurité est une question préalable à l'exercice de tous les autres droits.
Nous déplorons environ 10 000 actes de violence physique entre codétenus par an, et 21 000 actes de violence contre les personnels, dont 5 000 actes de violence physique, les autres étant des violences verbales ou des menaces. Le chiffre qui concerne les détenus est sous-estimé. Nous travaillons à obtenir davantage de transparence, tous les faits n'étant pas portés à la connaissance des personnels. La situation psychologique voire psychiatrique d'un nombre croissant de détenus aggrave les choses.
Ce facteur se traduit par des agressions qui paraissent à la personne agressée être totalement gratuites, inopinées, inexplicables. Les prisons françaises, fort heureusement, ne sont pas comparables à celles d'autres pays ou d'autres continents. Les violences les plus graves sont relativement contenues. Nous déplorons chaque année entre un et huit homicides au sein des 187 établissements pénitentiaires de France. La plupart des faits sont commis en cellule, parfois en cours de promenade, parfois dans d'autres secteurs, dans les coursives. Les établissements où les risques sont les plus prégnants sont ceux de la zone Antilles-Guyane.
Je pourrais difficilement aller au-delà des constats dressés par l'Inspection générale de la justice. Une enquête judiciaire est en cours. Il y a eu un dysfonctionnement, un échec.
Concernant la question des quinze minutes, qui revient en permanence, je vous ai indiqué qu'un personnel était affecté à la surveillance des salles d'activité. La note de service n'était peut-être pas assez précise, puisqu'elle n'imposait pas, alors que c'est désormais le cas, un passage minuté, avec une fréquence régulière. Elle demandait toutefois un passage autant que nécessaire. De façon très étrange – mais la réalité peut hélas dépasser la fiction –, un certain nombre de détenus se trouvaient dans les salles adjacentes, et personne n'a rien entendu. L'agression s'est faite de façon extrêmement discrète et étouffée.
S'agissant de la vidéosurveillance, la réponse est très claire. Il existait deux scénarios pour la personne se trouvant dans le poste protégé. L'un des scénarios se concentrait sur les étages de détention, avec le mouvement des détenus, et l'autre scénario se concentrait sur les salles d'activité. La salle d'activité dans laquelle se trouvait Yvan Colonna est dotée de deux caméras, mais le scénario en œuvre à ce moment-là portait sur les mouvements de détenus. À aucun moment le surveillant n'a vu ce qui se passait dans les salles d'activité. Cela a été corrigé depuis, avec cette limite humaine due à la fatigue physique, psychologique. À quelques exceptions près, nous ne disposons pas de murs d'images comme il y en a dans certaines polices municipales. La maison centrale d'Arles comporte entre 300 et 350 caméras, et ce bâtiment en particulier en compte 50. En 2020-2021, une opération de 1,4 million d'euros a été mise en œuvre pour compléter ce dispositif, notamment dans les unités de vie familiale et les parloirs.