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Intervention de Amélia Lakrafi

Réunion du mercredi 18 janvier 2023 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAmélia Lakrafi :

Le dix-huitième sommet de la francophonie, qui s'est tenu à Djerba, s'est achevé le 20 novembre dernier. À l'issue des travaux, la France a été désignée pour accueillir le prochain sommet en 2024. Je tiens à saluer cette décision, qui constitue une réelle opportunité pour le rayonnement international de notre pays. Ce sommet pourrait être l'occasion de mieux définir notre stratégie vis-à-vis de la francophonie.

Le français est la cinquième langue la plus parlée dans le monde. Selon les estimations de l'OIF, le français devrait devenir la troisième langue la plus parlée en 2050, en raison notamment de la croissance démographique du continent africain. Cependant, la réalité est plus complexe. L'OIF estime que les habitants des pays dont la langue officielle est le français sont francophones, ce qui n'est pas forcément le cas : la RDC est ainsi considérée comme le plus grand pays francophone au monde, alors que le lingala y est la langue la plus utilisée.

Dans certains pays, la francophonie souffre également de notre passé colonial ou de son instrumentalisation, comme c'est le cas dans plusieurs pays africains lors de récentes campagnes malveillantes visant à dégrader l'image de la France. À Djerba, le chef de l'État a ainsi lui-même reconnu la perte d'influence du français au Maghreb et en Afrique subsaharienne.

Il est donc important de redonner son attrait au français, afin que se concrétisent les prévisions qui placent notre langue à la troisième place dans le monde à l'avenir. Quelle stratégie la France souhaite-t-elle adopter pour les prochaines années – aussi bien dans les pays traditionnellement francophones que dans ceux qui ne le sont pas encore –, afin d'étendre la place de la francophonie dans le monde ?

L'absence d'un document de référence définissant la stratégie de la France en matière de francophonie est déplorée dans une très récente évaluation de la contribution du ministère de l'Europe et des affaires étrangères à l'AUF, à l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), à l'Association internationale des maires francophones (AIMF) et à l'université Senghor. On se réfère aux allocutions du président de la République ou à divers autres textes mais pas à une doctrine cohérente.

Dans la perspective du sommet de 2024, la France dispose-t-elle selon vous d'une stratégie unifiée pour accroître l'utilisation et le prestige de notre langue dans le monde et pour mieux préciser les objectifs de notre coopération avec les instances de la francophonie ?

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