Lors du dernier sommet de la francophonie, en novembre dernier à Djerba, le président de la République a décrit le véritable déclin de la langue française dans les pays du Maghreb, où l'on parle moins français qu'il y a vingt ou trente ans.
L'OIF se bat pour promouvoir la langue française. Pourtant, les manques sont énormes, notamment au Maghreb et en particulier en Algérie, où les séquelles de l'époque coloniale pèsent encore lourd. Malgré tout, l'OIF estime qu'en 2065, plus d'un milliard de personnes parleront français, dont 85 % en Afrique, où l'influence française recule pourtant, comme l'ont relevé plusieurs de mes collègues.
Le président de la République a effectué, cet été, une tournée au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau, mais le moins que l'on puisse dire est que cela n'a pas permis de restaurer cette influence. Une réinvention de la francophonie pourrait le permettre mais les valeurs de la démocratie promises par la francophonie ne veulent plus rien dire si elles ne sont pas accompagnées de progrès politiques, économiques et sociaux. Alors que l'Afrique subira de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique dans les années à venir, la francophonie doit devenir un espace commun pour les peuples, vecteur de progrès social, d'émancipation et d'égalité.
Afin d'atteindre cet objectif, nous disposons de plusieurs outils d'influence. La France a annoncé l'ouverture, à Villers-Cotterêts, d'une Cité internationale de la langue française qui accueillera en 2024 le prochain sommet de la francophonie. Ce devrait notamment être l'occasion de s'interroger sur la fracture numérique dont souffrent les pays francophones africains. Elle empêche la progression du français, qui représente seulement 3,5 % des contenus sur internet, alors que la bataille de l'influence se mène désormais principalement sur les réseaux sociaux, où s'exprime le dynamisme des pays africains anglophones. Cette bataille de l'influence est d'autant plus importante que les chaînes YouTube et les comptes Twitter russes à destination de l'Afrique prolifèrent, tandis que de nombreux responsables politiques africains – dont certains sont au pouvoir – se déclarent en faveur de Poutine dans le conflit qu'il mène en Ukraine.
Je souhaite vous interroger sur vos priorités et sur la manière de réduire cette fracture numérique dans le cadre de la bataille que nous devons mener sur internet. Comment cette question sera-t-elle abordée lors du prochain sommet de l'OIF en 2024 ?