Vous l'avez rappelé, monsieur le rapporteur, la proposition de loi qui nous rassemble aujourd'hui traite d'un sujet majeur : les relations commerciales entre les différents acteurs d'une même chaîne, en l'occurrence la chaîne alimentaire. Je dis bien « chaîne alimentaire » car chacun de ses maillons s'inscrit dans une relation d'interdépendance forte, qui les oblige, ou devrait les obliger, à une responsabilité réciproque. La proposition de loi intervient d'ailleurs dans un contexte dans lequel les industriels et les enseignes de la distribution discutent dans les box de négociation pour définir le juste prix des produits.
En France, nous avons coutume de mettre en avant nos origines agricoles, la diversité de nos terroirs, la richesse de nos produits, leur qualité et leurs saveurs reconnues dans le monde entier, et nous avons raison. Cette véritable richesse est le résultat du travail de femmes et d'hommes qui ont la passion chevillée au corps et qui ne comptent pas les heures qu'ils consacrent à leurs cultures et à leurs élevages. L'agriculture est essentielle parce qu'elle nous permet de nous alimenter et d'assurer la souveraineté alimentaire de notre pays – et sa souveraineté tout court.
Les crises qui s'enchaînent – la crise sanitaire, la guerre en Ukraine et ses conséquences – nous rappellent à l'exigence de pouvoir, quoi qu'il arrive, nous approvisionner en produits agricoles et alimentaires de qualité. L'alimentation peut être utilisée comme une arme. C'est donc qu'elle est stratégique et qu'il convient de préserver sa vocation de souveraineté.
Par ailleurs, les agriculteurs font face à des enjeux qui prennent de plus en plus d'importance, notamment celui du changement climatique. Ils en sont les victimes mais constituent aussi, selon moi, une grande part de la solution. Pour qu'ils puissent agir en ce sens, des prérequis existent et l'un d'eux nous rassemble aujourd'hui : la rémunération des agriculteurs et le bon fonctionnement de l'ensemble de la chaîne de valeur agricole et agroalimentaire.
Notre devoir à l'égard des agriculteurs, qui conditionne notre souveraineté alimentaire, c'est de les rémunérer au juste prix. Mieux, nous devons leur permettre d'affronter de façon plus sereine les défis présents et à venir, leur permettre d'abord de s'installer convenablement et d'investir, mais aussi de se rassembler et de se structurer, donc de vivre normalement des fruits de leur travail tout en assumant les transitions à l'œuvre.