…le tout sur une chaîne mise gratuitement à disposition par la puissance publique.
Bref, cet alinéa 31 n'est ni plus ni moins qu'un blanc-seing. S'il n'est pas supprimé, ne comptez pas sur nos voix pour faire passer ce texte.
Plutôt que d'utiliser cette proposition de résolution pour avaliser les errements du Gouvernement, nous devrions, en tant que parlementaires, nous en saisir pour l'interpeller sur l'état des médias et des droits des journalistes en France. J'ose espérer que nous sommes tous d'accord ici pour dénoncer les entraves au travail des journalistes et à la liberté d'expression en Hongrie ou en Pologne. Mais oserons-nous regarder en face ce qui se passe ici, sous nos yeux ?
En France, il y a à peine deux ans, on a failli interdire aux journalistes de filmer les forces de l'ordre. En France, le journal Le Monde a retiré une tribune qui avait le malheur de déplaire au Président de la République, en lui présentant ses plates excuses. En France, des journalistes de la cellule investigation de Radio France ont été convoqués par la sécurité intérieure. En France, un journaliste est poursuivi par la justice pour un reportage sur une action des faucheurs volontaires. En France, des journalistes sont violentés par la police lors de manifestations, au point que la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe s'en est émue. En France, des journalistes font l'objet d'une censure préalable au nom du secret des affaires. En France, des journalistes subissent des procédures bâillons de la part d'un certain industriel aux activités douteuses, notamment en Afrique. Enfin, en France, nous assistons à un phénomène massif et des plus préoccupants de concentration des médias entre les mains de quelques oligarques. Le tout pendant que des contenus médiatiques en ligne sont censurés par des plateformes toutes-puissantes à l'international.
Rien d'étonnant donc à ce que la France soit passée de la onzième à la trente-quatrième position dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
Chers collègues, si vous êtes pris d'une soudaine volonté de faire retrouver son rang à la France et de donner une réalité française à des principes que vous saluez en Europe, vous avez à votre disposition notre proposition de réforme du financement de l'audiovisuel public garantissant sa pérennité et son indépendance et notre proposition de loi pour en finir avec la concentration dans les médias.
D'ici là, nous ne pourrons pas voter pour ce texte s'il demeure, à l'issue des débats, un rendez-vous manqué avec ce que la France pourrait se donner comme objectifs pour elle-même et, plus universellement, dans l'intérêt des peuples européens.