Ce n'est donc pas seulement aux opportunités énergétiques qu'il faudrait renoncer mais également à des métaux essentiels pour l'industrie, notamment l'industrie de pointe : fer, manganèse, cuivre, nickel et cobalt. Faut-il rappeler à quel point les industries de pointe et les nouvelles technologies – défense, santé, numérique – sont infiniment dépendantes de l'approvisionnement en métaux stratégiques ? Faut-il rappeler les besoins miniers pour la fabrication de certains composants aéronautiques, des systèmes de guidage et de navigation, de matériel informatique, des ampoules basse consommation et LED, et même, ironie suprême, des turbines d'éoliennes ?
Nous devrions donc, si l'on vous suivait, nous Français, renoncer à ces richesses, tout en continuant à en faire le plus intense usage. Ces fausses bonnes intentions, cette vraie idéologie, n'ont qu'une seule conséquence pratique : la perte de chance pour notre souveraineté nationale et l'accroissement de notre dépendance vis-à-vis de pays qui, eux, n'ont pas les mêmes scrupules et dont nous sommes, et resterons, clients. Ne nous y trompons pas : la protection, l'exploitation et la valorisation des zones économiques exclusives françaises ne s'inscrivent plus dans une perspective lointaine. Elles sont devenues les objets d'une compétition internationale farouche et de toutes les convoitises, Chine en tête. Ne soyez pas dupes, chers collègues : renoncer à nos propres richesses, c'est simplement déplacer leur exploitation ailleurs et dans de moins bonnes conditions environnementales que chez nous. La Chine en est l'exemple topique.
Non, nous ne pouvons pas nous résoudre à approuver ce projet de résolution, même s'il ne revêt pas de caractère contraignant, pas encore, devrait-on dire. Plutôt que de saborder notre immense potentiel maritime, pour le seul profit de nos concurrents et adversaires économiques, faisons de notre pays l'immense puissance maritime qu'il pourrait être et qu'il n'est pas encore.