Certes, il y a eu un sursaut de participation aux élections européennes de 2019 dans vingt des vingt-huit pays que comptait alors l'Union européenne, et ce quel que soit le mode de scrutin. Pourquoi ? D'une part, parce que la cause du climat a été très fortement mobilisatrice dans les semaines précédant le vote, notamment chez les jeunes, comme on l'a constaté en France. D'autre part, la question européenne a retrouvé de son acuité. Ces chiffres n'ont rien à voir avec le mode de scrutin.
La baisse continue de la participation constatée depuis plusieurs décennies doit nous pousser à nous interroger. Dans le cadre de la mission d'information visant à identifier les ressorts de l'abstention, que je présidais et dont Stéphane Travert était rapporteur, nous avons vu deux types d'attitudes émerger parmi nos concitoyens – Bruno Bilde, qui en était membre, s'en souvient sans doute. La première consiste à penser que les élections ne servent à rien, puisqu'au-delà des alternances politiques entre droite et gauche, le chômage perdure et que nos services publics continuent de se dégrader – après, nous pourrions discuter de ces opinions, et c'est d'ailleurs ce que nous faisons des heures durant. La deuxième attitude revient à dire : ils ne nous écoutent pas, ils restent dans leur sphère.
Alors, bien sûr, nous nous sommes posé des questions sur le mode de scrutin, mais il faut bien voir qu'avec le mode de scrutin majoritaire, les candidats s'engagent en leur nom sur des programmes, ce qui permet à nos concitoyens de voir si les choses changent effectivement et s'ils sont écoutés. Le scrutin proportionnel ne va pas changer les choses en profondeur. Il tend à créer de l'instabilité politique plutôt qu'à susciter une hausse de la participation électorale.