…dans le dos des électeurs, si j'ose dire, tandis que le scrutin majoritaire à deux tours favorise des accords avant les élections.
De nombreux exemples récents, dans des pays où le scrutin est proportionnel, ont mis en évidence que les partis, après avoir juré de ne pas faire alliance avec leurs concurrents, ont constitué une majorité de gouvernement avec ces derniers, reniant les engagements passés devant les électeurs.
Un autre risque est de couper les élus du réel. Alors même que la clé de l'efficacité est la déclinaison des politiques publiques au plus près des citoyens, le scrutin proportionnel, même exercé dans un cadre départemental, accélérerait l'amenuisement des relations de proximité entre les élus et la population. Il éloignerait donc le représentant parlementaire des problèmes du quotidien, alors même qu'il est censé proposer ou modifier des lois en agissant au plus près des réalités des personnes, des entreprises et des territoires.
Faire de l'appareil qui investit les candidats l'acteur essentiel de la vie politique, c'est ôter encore un peu aux députés de leurs racines locales. Le candidat, puis l'élu, ne dépend que du parti ; il est facilement coupé de ses liens avec son territoire ; il est dépendant de celui qui l'a fait. Quid de la compétence ? Il est le vassal de l'appareil et le télégraphiste des consignes nationales !
En clair, le scrutin proportionnel n'a rien à voir avec le scrutin majoritaire à deux tours, un scrutin territorial qui lie le député à sa circonscription, alors que la représentation proportionnelle distend le lien entre le député et le territoire. Le scrutin majoritaire amène le député à labourer sa circonscription, à rencontrer ses habitants et à confronter les consignes et politiques nationales avec le pays tel qu'il est, à convaincre et à opérer au mieux la synthèse de ces éléments.
Dans le cadre précis de cette proposition de loi, le scrutin proportionnel risquerait de provoquer un surcroît d'instabilité, comme plusieurs l'ont démontré. Avec le scrutin majoritaire à deux tours, la diversité des courants de pensée peut se trouver représentée à l'Assemblée nationale.