Chers collègues, je veux vous parler de ce que les Mahoraises et les Mahorais paient pour manger. Écoutez les chiffres des services de l'État à Mayotte, qui ont comparé les prix d'un panier de 137 produits indispensables : il revient à 391 euros dans l'Hexagone, contre 630 euros à Mayotte. Le même panier coûte donc 61 % plus cher à Mayotte. Oui, dans le département le plus pauvre de France, il faut débourser 61 % de plus pour acheter exactement les mêmes produits.
La semaine dernière, le conseil départemental de Mayotte, la grande distribution, les importateurs et la préfecture ont signé le nouveau bouclier qualité prix BQP+, qui fixe à 200 euros maximum le prix d'un panier de soixante-quinze produits. C'est une bouffée d'oxygène appréciable pour la population, mais l'accord signé vendredi n'engage ses participants que quelques semaines, puisqu'il prend fin en mars. Pourquoi si peu d'efforts pour les consommateurs mahorais ?
Monsieur le ministre délégué, si nos estomacs ne connaissent pas une faim différente selon la géographie, force est de constater que les ultramarins sont traités de manière très inégale quand ils passent à la caisse du supermarché. Nos voisins de La Réunion ont un BQP de 153 produits, facturé 348 euros ; les Guadeloupéens payent 299 euros pour plus de 100 produits. Comment expliquez-vous cette mobilisation aléatoire des services de l'État pour garantir aux consommateurs ultramarins une alimentation abordable ?
Enfin, la cherté de la vie, à Mayotte comme aux Antilles, c'est aussi la question de l'eau potable. Les coupures d'eau sont quotidiennes ; acheter des packs d'eau est une obligation et une charge supplémentaire pour les ménages mahorais. Le pack de douze litres de Cristaline se vend à Mayotte 9,5 euros – et jusqu'à 12 euros –, contre 2,75 euros à Paris. Non seulement nous n'avons pas d'eau au robinet à Mayotte, mais nous la payons à prix d'or dans les supermarchés. Monsieur le ministre délégué, qu'entendez-vous faire à ce sujet ?