La réforme annoncée du lycée professionnel nous inquiète. À nos yeux, elle ne répond pas aux difficultés rencontrées par les élèves et les enseignants de la voie professionnelle ; pire, elle risque de les aggraver.
Plusieurs réformes menées par le passé ont déjà abouti à la réduction de quatre à trois années la formation au bac professionnel, conduisant à une réduction du nombre d'heures de cours pour les élèves et à la suppression de nombreux postes d'enseignants. En proposant de réduire le nombre d'heures de cours au profit d'heures de stages en entreprise, vous allez fragiliser un peu plus encore le socle de connaissances générales et professionnelles délivré aux élèves par les professeurs, et réduire – voire supprimer – les projets culturels et artistiques.
La réforme nous inquiète particulièrement car elle va toucher des élèves issus de milieux populaires, qui ont pourtant besoin d'une formation générale autant que qualifiante, une formation qui participe à leur émancipation et leur permette de devenir non seulement des travailleurs, mais aussi des travailleurs citoyens. Voilà ce qui différencie nos deux projets : nous voulons non pas d'un lycée qui forme à des tâches précises, à un poste de travail précis dans une entreprise précise, mais d'un lycée qui donne accès à une formation complète et permette aux élèves d'intégrer n'importe quelle entreprise et, surtout, de s'y épanouir.
Votre proposition d'augmenter le nombre d'heures de stage en entreprise est symptomatique du niveau de déconnexion de votre ministère avec la réalité. Tous les enseignants font le même constat : il est de plus en plus difficile de trouver un stage qualifiant pour chaque élève. Toutes les entreprises ne jouent pas le jeu, et certaines utilisent les stagiaires pour effectuer les basses besognes, ce qui conduit souvent à une démotivation des élèves, parfois même à leur décrochage. Le monde de l'entreprise ne présente pas le même niveau d'exigence que l'école en matière d'encadrement, de formation et de bienveillance face à de jeunes élèves – souvent mineurs – en apprentissage. C'est pourquoi la réforme, qui ne fera que renforcer la mainmise du monde entrepreneurial sur les formations, m'inquiète.
J'en viens à mes questions :…