J'aimerais revenir sur la question relative au sens des vols habités. J'ai plusieurs réponses. La première est que l'Europe est le continent des explorateurs. Si, dans le passé, les nations européennes avaient dit que l'exploration n'était pas leur objectif, quel serait l'état du monde aujourd'hui ? Il y a aussi des enjeux technologiques. On me dit très souvent : « Vous êtes en train de construire des habitats pour le spatial, pour la Lune ou pour Mars plus tard. C'est pour fuir la Terre ? » Ce n'est pas du tout ça.
Les technologies que nous sommes en train de développer peuvent revenir sur Terre et doivent y revenir. Je parle de gestion énergétique, de recyclage, de réduction chimique du CO2. Ce sont des technologies qui aujourd'hui peuvent nous aider à faire face aux défis que nous rencontrons aussi sur Terre.
C'est une motivation qui pousse à aller plus loin, à affronter cet environnement extrême. Faire vivre dans cet environnement extrême fait prospérer les technologies.
La troisième réponse est l'emploi. Mon entreprise est dépendante de l'exploration. Je ne suis pas tout seul, de nombreuses autres personnes travaillent dans ce domaine. Bien sûr, on peut dire qu'on va tout plier et faire autre chose. Aujourd'hui, très souvent, notamment en Europe, et je ne sais pas pourquoi, on a un peu le sentiment que l'espace est la cour de récréation des esprits téméraires. Cependant, il faut prendre en compte le business que ceci génère et les aspects sécuritaires sous-jacents. Dire que nous n'allons pas faire de l'exploration serait, je pense, un choix très dangereux.