Intervention de Pr Brigitte Autran

Réunion du mardi 6 décembre 2022 à 17h15
Commission des affaires sociales

Pr Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) :

Je vous remercie de nous inviter à présenter ce nouveau comité, créé en août sous la double tutelle des ministres de la santé et de la prévention d'une part, et de l'enseignement et de la recherche d'autre part.

Comme vous l'avez indiqué, le Covars a été créé en relais du Conseil scientifique après la fin de la loi d'urgence sanitaire. Ce comité est pérenne et a vocation à exister tant en dehors que pendant les crises sanitaires. Lors des crises, il lui est demandé de devenir une instance de conseil pour le Gouvernement, et, le reste du temps, de conseiller le Gouvernement sur les enjeux d'anticipation, de prévention et de préparation aux crises sanitaires et à leurs conséquences.

Les missions du Covars sont inscrites dans le décret qui le crée. Elles démontrent d'emblée les différences qui le démarquent du Conseil scientifique covid-19, puisqu'elles visent le souci de la santé humaine en relation avec la santé animale et la santé globale, en suivant l'approche dite One Health, également appelée santé globale.

Le périmètre des missions du Covars est également plus large. Ces dernières dépassent de très loin le seul sujet de la covid-19 et regroupent l'ensemble des risques infectieux, ainsi que les risques liés à l'alimentation, à la pollution environnementale et au changement climatique – bien qu'à l'instar des experts mondiaux, nous considérions que les infections restent un élément majeur de ces risques. Il nous est également demandé dans nos missions d'interagir étroitement avec les institutions de veille sanitaire, les agences de recommandation, les agences et les organismes de recherche. Ainsi, le Covars travaille sur des saisines gouvernementales, tout en jouissant de la possibilité de s'autosaisir. Nous avons donc établi un règlement intérieur du Covars, qui est très similaire à celui du Conseil scientifique covid-19 et du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale (COSV).

Ce comité scientifique et consultatif, qui a vocation à éclairer l'exécutif – qui reste seul responsable de la décision et de la mise en œuvre de nos recommandations –, est composé d'experts indépendants, libres de conflits d'intérêts, agissant de manière bénévole et siégeant intuitu person æ, et non en tant que représentants de leur institution. Ils conservent la plus grande confidentialité des débats, bien que les avis émis par le Covars soient publics. En effet, ces derniers sont publiés a minima sur les sites du ministère de la santé et du ministère de la recherche.

L'autre mission qui nous est attribuée concerne l'agilité du Conseil scientifique. Le ministre avait évoqué une équipe « commando ». Il est attendu que ce comité puisse réagir de la manière la plus rapide possible tout en s'appuyant sur des bases scientifiques vis-à-vis des questions de santé publique qui pourraient se poser.

Je suis fière d'avoir l'honneur de présider ce comité composé d'experts remarquables et de très haut niveau international. Leur compétence, reconnue en France et dans le monde entier, recouvre les différentes disciplines impliquées dans nos missions. Nous avons tout d'abord constitué un bureau avec deux anciens membres du Conseil scientifique, le professeur Bruno Lina, virologue et responsable du centre national de référence des infections respiratoires, et le docteur Thierry Lefrançois, ancien vétérinaire et doté d'une expérience importante de l'approche One Health.

Nous avons tous les trois défini la composition de ce comité, soumise aux ministres et acceptée par ces derniers sans modification. Notre comité compte quatre épidémiologistes : deux d'entre eux, les docteurs Fabrice Carrat et Simon Cauchemez, sont des modélisateurs spécialisés dans les maladies transmissibles ; le docteur Rémy Slama est épidémiologiste spécialisé dans la pollution et les risques environnementaux et le docteur Patrick Giraudoux dans les problèmes d'écologie microbienne.

Le professeur Xavier de Lamballerie est également virologue et spécialiste des infections respiratoires transmises par les moustiques. Le comité compte quatre cliniciens, dont deux infectiologues, les professeurs Xavier Lescure et Denis Malvy, ainsi qu'un généraliste et une urgentiste, dont les compétences englobent les capacités de prise en charge du patient lors des urgences sanitaires.

Enfin, le Covars a intégré un médecin vétérinaire spécialiste des vaccins, le docteur Roger Le Grand, et un chercheur spécialiste des moustiques et des maladies vectorielles, le docteur Didier Fontenille. Des sociologues, en outre, sont responsables des aspects sociétaux et des risques psychosociaux liés aux risques sanitaires. Il s'agit de Mmes Annabel Desgrées du Loû et Mélanie Heard. Nous avons enfin souhaité renforcer l'une des dimensions qu'offraient déjà le Conseil scientifique et le COSV, à savoir la représentation de la démocratie sanitaire. Deux associations de patients siègent ainsi au comité. Il s'agit du collectif d'associations TRT5 et de l'association Renaloo, associés à une représentante des citoyens, Mme Véronique Loyer.

Nous travaillons en relation avec les institutions chargées de la veille sanitaire. Notre équipe de seize scientifiques ne peut en effet assurer la veille sanitaire qu'opèrent des agences comptant plusieurs centaines de personnes. Notre travail consiste à effectuer une veille scientifique bibliographique très précautionneuse, internationale, partagée, analysée de façon collégiale, en interaction avec les organismes chargés de la veille sanitaire. Nous rencontrons ainsi régulièrement des agences telles que Santé publique France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) ; des agences de recommandation sanitaires comme la Haute Autorité de santé (HAS), l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) ou le Haut Conseil sur le climat ; ou encore des agences de recherche, notamment l'ANRS Maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE) ou l'Institut Pasteur. Nous travaillons en relation avec des organismes mondiaux, comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et européens, notamment avec les conseils scientifiques établis par les différents pays européens sur la covid, en tenant des réunions mensuelles.

Nous rédigeons nos avis de façon collégiale. Dès la création du Covars, nous avons été saisis par les ministres sur quatre sujets. Le premier sujet avait trait à la covid-19. Nous y avons répondu de façon précise dans un avis publié le 22 octobre, disponible sur le site du ministère. Le deuxième sujet concernait l'infection à monkeypox, également appelée variole du singe. Nous avons rendu notre avis le 28 novembre. Enfin, nous avons été saisis sur le futur des vaccins à ARN messager pour la pathologie humaine et en prévention des risques sanitaires à venir, et sur les maladies à transmission vectorielle en relation avec le réchauffement climatique. En effet, ce dernier fait progresser le front des moustiques, en particulier ceux infectés par différents virus. La croissance de ces risques concerne non seulement les territoires ultramarins, qui en font déjà l'objet, mais également la métropole. Nous travaillons de façon parallèle sur ces deux sujets. Enfin, en concertation avec le ministre de la santé, nous avons décidé de nous autosaisir d'un point d'actualité sur la covid-19. Nous avons entamé cette réflexion la semaine dernière. Le ministre nous a interrogés sur la prévention par les masques. Nous travaillons également sur les autres moyens de prévention. Nous serons heureux de répondre à vos questions sur ce sujet.

Le Pr Bruno Lina va vous présenter le concept One Health, qui envisage les risques sanitaires sous un prisme moderne.

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