Ce texte d'affichage et non d'action, de communication plutôt que de réflexion ne recueille pas l'accord de tous les syndicats policiers. Parmi les principaux, l'Union nationale des syndicats autonomes (Unsa) et le Syndicat général de la police-Force ouvrière (Unité SGP-FO) se sont même prononcés contre. En revanche, il est raccord avec plusieurs prises de position du ministre de l'intérieur. Même si celui-ci vous trouve trop mous, votre effort pour essayer de lui plaire est remarquable – dommage que vous tombiez tellement à côté.
Plutôt que d'en rajouter dans la communication, il faudrait s'attacher à répondre mieux au problème. Le nombre de morts augmente, et qu'on les compte dans la police, la gendarmerie ou la population, les familles sont en deuil. L'urgence n'est pas à renforcer ce qui, depuis 2002, détruit la fonction du maintien de l'ordre et des gardiens de la paix, non plus qu'à accentuer les écueils, les détournements, les ratés de 2017. Elle est plutôt à comprendre comment on en est arrivé là, pour apporter une réponse adaptée. Il s'agit de travailler sur des bases scientifiques, solides, et non de faire semblant pour aller chercher deux ou trois points d'électorat.
Au cours de la discussion de la Lopmi, nous avions proposé plusieurs éléments salvateurs, comme l'amélioration de la formation au tir, en particulier des policiers. La formation actuelle est ridiculement insuffisante : ce n'est pas avec trois séries de trente douilles par an sur des cibles proches et fixes que l'on apprend à réagir lorsqu'on se sent en danger face à une personne qui peut être armée. Nous avions aussi proposé des dispositions pour améliorer le quotidien des forces de l'ordre, notamment pour leur offrir le soutien psychologique qui est demandé par la totalité des agents et des syndicats.
Mais non, vous préférez proposer une énième loi de communication et d'autopromotion, qui ne sert à rien d'autre qu'à faire toujours plus semblant. Au lieu d'y perdre notre matinée, nous devrions plutôt chercher à améliorer encore les missions de service au public afin de remettre les choses dans l'ordre, et non d'ajouter un peu plus de désordre.