Cette proposition de loi vise à abolir les distinctions sociales et culturelles. Nous y sommes opposés. Nous défendons le respect des différences culturelles de la population, et non leur abolition.
Vous écrivez dans votre exposé des motifs : « L'école ne connaît que des élèves, sans que soient prises en compte ni considérées leur origine sociale ou culturelle ». Nous ne partageons pas ce point de vue. Selon nous, l'école accueille des individus de provenances sociales et culturelles diverses. Elle constitue à ce titre un lieu privilégié pour apprendre à respecter l'autre dans sa différence, à accueillir la pluralité, à maintenir des rapports égalitaires et à rejeter toute forme d'exclusion. Il ne s'agit donc en rien de gommer les distinctions mais, au contraire, de prendre en considération les divers comportements, croyances, coutumes, pratiques et langues ainsi que les différences d'ordre physique qui existent entre des individus et des groupes culturels afin de favoriser le respect et la compréhension mutuels, l'acceptation et l'inclusion sociale.
Nous ne nous faisons aucune illusion sur votre réel objectif. Pour notre part, nous n'entendons pas lutter contre les différences, mais contre les discriminations sociales, qui se reproduisent parfois dans les classes et les cours de récréation. En effet, la tenue vestimentaire tout comme le matériel scolaire, les manteaux, les chaussures ou les lunettes sont autant de signes de distinction sociale qui peuvent être facteurs de discrimination ou de harcèlement. C'est pourquoi nous demandons à chaque rentrée la réévaluation des bourses scolaires, en soutien aux familles précaires, et avons proposé, avec la NUPES, la gratuité des fournitures scolaires en 2022.
Votre PPL propose un uniforme aux couleurs des établissements et à la charge des familles. Nous y sommes également opposés. Ce modèle inspiré des écoles privées et américaines ne correspond pas à celui de l'école républicaine française qui, dans un objectif d'égalité, assure un enseignement au contenu et aux conditions identiques sur l'ensemble du territoire. Une tenue différente par établissement irait à l'encontre de ces principes. De plus, nous déplorons la dynamique compétitive engendrée par ces blasons scolaires et l'accroissement des inégalités entre établissements qu'elle induit.
Enfin, la PPL n'engendrant aucun coût pour l'État, nous comprenons que la charge de l'uniforme reviendrait aux familles. Or, comme dans les écoles où l'uniforme existe, cela s'élèverait probablement à plusieurs centaines d'euros. Cette proposition est inacceptable dans le contexte de crise du pouvoir d'achat. Elle ne règlerait en rien les inégalités sociales, bien au contraire.
Alors que l'école est à nouveau considérée comme une variable d'ajustement, en pleine crise du pouvoir d'achat, face à la perte d'attractivité de la profession d'enseignant, au manque criant de personnel scolaire, à la perte de confiance de la communauté éducative, ce débat ne nous semble pas prioritaire. Nous préférerions travailler à une véritable refondation du service public de l'éducation.