Alors que les coupures d'électricité menacent de fermeture nos écoles et que partout les enseignants ou les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) manquent, alors que les Français sont durement frappés par l'envolée des prix, la stagnation des salaires et le développement de la pauvreté, le Rassemblement national fait de l'uniforme à l'école sa priorité.
Sa proposition de loi est d'abord une atteinte au principe républicain fondamental de gratuité scolaire. En subordonnant l'accès à l'école à l'achat d'un uniforme, le Rassemblement national rendrait cet accès payant. Cette proposition de loi stigmatise donc les familles les plus modestes et aggraverait leurs difficultés. Antipauvres, cette proposition de loi ne vise nullement à abolir les distinctions sociales mais les exacerbe en proposant l'instauration d'un uniforme d'établissement différent d'une école à une autre. Elle développe une logique de marque, de distinction et de concurrence renvoyant au modèle d'école-marché qu'Emmanuel Macron s'efforce de développer depuis près de six ans.
Cette proposition de loi traduit le souci de rendre visible à travers l'uniforme une hiérarchie entre établissements huppés et populaires. Elle émane de menteurs qui feignent d'un côté de déplorer l'existence de « marqueurs sociaux qui distinguent les élèves entre eux et révèlent les différences de niveau de fortune de leurs parents » mais, de l'autre, votent en cadence contre le Smic à 1 600 euros et le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune.
Son véritable objet est ailleurs : cette proposition de loi vise les jeunes femmes et les musulmans, que le Rassemblement national juge trop, trop peu, en tout cas toujours mal habillés. Ce texte, qui disserte sur le « caractère » des vêtements et veut créer des dizaines de milliers de comités Théodule pour en fixer le tissu, la coupe et la couleur, fait du Rassemblement national, à la vocation politique de police du vêtement, le parti des tartuffes de la laïcité, ignorants des avertissements d'Aristide Briand quant aux effets de l'ingéniosité combinée des prêtres et des tailleurs en matière vestimentaire.
Enfin, cette proposition de loi est dangereuse pour notre pays. Son objectif est d'abolir les distinctions culturelles dans les établissements scolaires : le Rassemblement national ne veut pas seulement des uniformes à l'école, mais toute une société uniformisée ! Pour nous, l'école est le lieu de la rencontre et de la découverte de l'autre. L'école publique est le lieu où se retrouvent tous les enfants de toutes les cultures qui font la richesse de la France. C'est en cela qu'elle est le creuset de notre République, un lieu d'émancipation individuelle et collective où chacune et chacun se construit en être libre et autonome. Là où vous rêvez d'une école produisant des êtres uniformes, nous aspirons à ce qu'elle élève des singularités. C'est tout ce qui nous sépare, et c'est pourquoi nous voterons contre cette proposition de l'extrême droite.