Dès le début du conflit, l'entreprise américaine Starlink, dirigée par Elon Musk, a proposé d'offrir ses services de télécommunications par satellite à l'Ukraine afin de maintenir un réseau de communications par internet dans l'ensemble du pays malgré les destructions et les sabotages des infrastructures terrestres. En juin, 15 % des infrastructures internet du pays étaient détruites ou endommagées.
Le ministre ukrainien de la transformation numérique, M. Fedorov, a lui-même appelé les opérateurs privés, dans une lettre ouverte publiée le 1er mars, à partager leurs données, considérant que les capacités des satellites fournissaient des informations vitales sur la position des troupes et les flux de réfugiés.
Grâce à cet appui, les forces ukrainiennes ont pu conserver une structure de commandement et de contrôle malgré les frappes et le brouillage de leurs communications par les Russes. L'appui satellite offert par Starlink et par les puissances occidentales dès le début de l'invasion a permis de soutenir et de guider la contre-offensive ukrainienne. En octobre, 20 000 terminaux en orbite basse de la constellation de satellites Starlink étaient encore en service pour l'Ukraine et mis à sa disposition gratuitement. Néanmoins, Elon Musk a déclaré que l'entreprise ne pourrait financer indéfiniment cet appui et qu'il souhaitait faire payer à l'armée américaine les prochaines factures, dont le montant est évalué à 20 millions de dollars par mois. Il s'est rétracté par la suite.
La Russie a mené une cyberattaque visant un réseau de satellites de l'opérateur américain Viasat, destinée à rendre hors d'usage les consoles de communications mobiles de l'armée ukrainienne, perturbant au passage l'internet haut débit de plusieurs pays européens juste avant l'assaut du 24 février. Elle a récemment déclaré qu'elle considérait comme des cibles légitimes les satellites civils occidentaux utilisés pour aider Kiev, de la même manière qu'à ses yeux les pays apportant un soutien militaire à l'Ukraine sont parties prenantes au conflit.
Quel est le poids, pour la France et les forces alliées à l'Ukraine, des satellites commerciaux dans la conduite des opérations et la collecte d'informations essentielles à la préparation et à l'anticipation de l'emploi des forces ukrainiennes dans le conflit ? Quel serait l'impact, pour les forces ukrainiennes et pour ses partenaires – dont la France – du retrait ou de la destruction du réseau Starlink ?