Alors que l'Assemblée vient de voter le doublement du fonds français à l'Ukraine, je voudrais revenir sur le mécanisme d'expression des besoins ukrainiens en matière d'équipements militaires, en ce qui concerne les forces spéciales et les diverses spécialités techniques, ainsi que dans le domaine du renseignement. Que pensez-vous de la demande, qui nous est adressée très publiquement, d'équipements militaires d'un degré encore supérieur – je pense en particulier au char Leclerc ? Comment accueillez-vous la demande de formation de soldats ukrainiens en France, qui concernerait 2 000 d'entre eux ? Pourriez-vous distinguer les sujets qui relèvent de la relation bilatérale et les demandes qui sont dirigées vers l'état-major de l'Union européenne ?
Timothy Snyder, professeur à Yale, a affirmé très récemment que la remarquable résistance ukrainienne sur le terrain a peut-être été la meilleure garantie de sécurité pour l'Europe comme pour les États-Unis, bien au-delà de ce que la politique étrangère ou de défense américaine aurait pu obtenir en matière de sécurité globale. Cette résistance a non seulement révélé les faiblesses de l'armée russe, mais a aussi rendu assez peu crédible – même sous l'ombrelle de l'arme nucléaire – le scénario de l'invasion de Taïwan. Elle a justifié un soutien aussi puissant et résolu que possible à l'Ukraine sur le plan conventionnel – assorti d'une méfiance envers des chausse-trappes escalatoires –, ce qui rejoint les recommandations que nous avions faites, avec Charles de La Verpillière, dans un rapport d'information sur les enjeux géopolitiques et de défense en Europe de l'Est. Cela va à l'encontre d'un discours assez présent, en particulier outre-Atlantique, selon lequel le soutien à l'Ukraine coûte fort cher et n'est peut-être pas notre combat. Comment réagissez-vous à ce type d'analyse ?
Enfin, je voudrais saluer votre action et votre réactivité en matière de recueil des preuves des crimes de guerre, à Boutcha comme ailleurs.