au fameux « il décide » et « vous exécutez » ; dans ces moments peut-être aviez-vous le sentiment de décider. Mais non, vous n'étiez que l'instrument de l'obstination présidentielle et de sa curieuse conception du débat public, de la concertation et in fine de la démocratie : il décide et nous exécutons. Rien n'a véritablement changé depuis le dernier quinquennat, déjà Macron pointait sous Emmanuel. La démocratie, oui, mais la démocratie expéditive !
D'un autre côté, j'ai la crainte que vous ayez le sentiment, sincère peut-être, du devoir accompli, la fierté même d'avoir surmonté les obstacles du débat parlementaire qui se dressaient sur votre chemin, d'avoir été plus forte ou plus maligne que vos oppositions, d'avoir fait montre de votre force de caractère à ceux de vos collègues qui espèrent de votre chute leur propre sacre, de vous être en somme sauvée. Peut-être vous êtes-vous trouvée habile, rusée, manœuvrière, courageuse, audacieuse, voire – que sais-je – un brin culottée ? J'ai peur que vous nourrissiez l'illusion d'un accomplissement, d'avoir réussi quelque chose, de sortir grandie de l'épisode en vérité calamiteux que nous venons de vivre.