Vos propos étaient déjà peu audibles il y a quinze ans, lorsqu'on a fixé les tarifs d'achat sans se préoccuper de savoir si l'on investirait dans des filières françaises et si les contributions des ménages et des entreprises français soutiendraient la filière en France.
Les filières photovoltaïques française et européenne ont été détruites par la concurrence illégitime chinoise : tout le monde le sait. Les États-Unis ont pris des mesures. L'Union européenne a pris une amorce de sanctions et de mesures qui n'étaient pas à la hauteur de ce que nous avons vécu. Nous allons continuer en ce sens, alors que toutes les règles dont vous nous parlez sont désormais complètement absurdes – je ne dis pas qu'elles n'existent pas.
M. Macron, ainsi que le gouvernement français, se sont rendus aux États-Unis. Vous avez rencontré des interlocuteurs qui vivent dans un nouveau monde, désormais fondé sur le protectionnisme régional. L'Union européenne continuera-t-elle d'être la seule zone économique et politique du monde à subventionner l'industrie étrangère, en particulier l'industrie polluante chinoise ? Nous savons très bien que la filière solaire chinoise est compétitive uniquement parce que cette énergie renouvelable est produite de manière polluante, compte tenu, notamment, de la place du charbon en Chine. Continuerons-nous d'entretenir ce mensonge d'État ou prendrons-nous les choses en main ?
Nous devons décider collectivement d'allouer plusieurs dizaines de milliards d'euros dans la filière photovoltaïque en France et en Europe : il faut absolument créer une filière européenne. Je ne comprends même pas que cette idée ne soit pas consensuelle. Si le droit européen l'interdit, cela prouve à quel point il est hors-sol, il est en dehors des réalités. Depuis vingt ans, la construction européenne est toxique et contre-productive – je ne parle pas de l'Europe en général. Nous ne pouvons pas à la fois dire que nous considérons que c'est une règle de bon sens et que le juge l'annulera, car le droit européen est contraire à des règles de base de stratégie économique auxquelles nous devrions tous adhérer.
Si le changement des règles de la mondialisation fait consensus au sein de la représentation nationale, faisons-le, mais ne nous dites pas que nous sommes à ce point désarmés que nous ne pouvons pas choisir d'allouer l'argent des Français à des filières françaises.