Il ne vous étonnera pas que le président de la fondation Robert Schuman considère que la méthode Schuman reste valable. Je partage votre analyse sur les valeurs européennes mais je pense que cela serait un tort de les mettre en avant pour la CPE. D'abord car je ne suis pas sûr que la Turquie partage toutes ces valeurs, et ensuite parce que je sais que le meilleur moyen de progresser est le partage des intérêts qui permet ensuite de progresser vers le partage des valeurs.
En ce qui concerne ma vision de l'Europe aujourd'hui, je pense qu'elle est plus intergouvernementale que l'ont rêvé les chantres de l'Europe des nations et plus fédérale que l'ont rêvé les fédéralistes. Rien ne peut se passer sans l'accord des pays, voire sans leur initiative comme le montrent les décisions sur le plan de relance ou la gestion de la crise liée au Covid-19.
En ce qui concerne, le sentiment d'appartenance que vous évoquiez, je pense que pour que les Européens se sentent davantage européens, il faut que la politique européenne soit efficace. Elle l'a été contre le virus du Covid-19 et je crois que nous avons aujourd'hui un impératif de sécurité globale qui interpelle toutes les nations et que nous devons y répondre en commun. La sécurité pourrait ainsi être peut-être un élément de la CPE. Toutefois, je pense qu'on aurait tort de penser que la CPE pourrait être un nouvel ensemble d'actions : c'est un forum de dialogue dont il ne faut pas sous-estimer les résultats. Par exemple, lorsque l'Union envoie une mission civile à la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, c'est une conséquence directe du dialogue mené à Prague. De même, la relance de la coopération militaire entre la France et le Royaume-Uni a été rendue possible par Prague.