Nous avons entendu à Strasbourg le 9 mai 2022, en tant que membres de la Conférence sur l'avenir de l'Europe, le Président Macron expliquer ses positions sur les propositions formulées dans le cadre de cette conférence, avant d'y ajouter sa proposition d'établir une Communauté politique européenne. Je pense tout d'abord qu'il y a un intérêt pour la France à continuer d'assurer un suivi de la Conférence sur l'avenir de l'Europe, qui comporte plusieurs propositions intéressantes.
La Communauté politique européenne est une initiative bienvenue, elle est un forum de rencontres utiles. Il s'agit d'un espace qu'il fallait combler, mais je ne suis pas sûr qu'elle devienne une communauté politique de l'Europe, notamment car tout ne se joue pas lors du commencement. Il existe des similitudes avec l'Union pour la Méditerranée, dont le lancement était flamboyant, mais dont on peut se demander ce qu'il en reste aujourd'hui. L'Union pour la Méditerranée avait été lancée pour régler la question de la Turquie, dont l'on ne voulait pas dans l'Union européenne. En ce sens la Communauté politique européenne va se poursuivre, toujours sous cette forme de forum, et va permettre aux institutions de se saisir des idées avancées dans le cadre de ces réunions. Toutefois, la France doit toujours dissiper certaines suspicions, afin de montrer que ce projet n'a pas pour objet d'éviter la question d'une adhésion à court et moyen terme des pays orientaux, l'Ukraine comme les pays des Balkans. En effet tout le temps qui est consacré à la Communauté européenne représente du temps en moins pour affronter cette question colossale, pour l'Europe en général, mais aussi pour la France, qui ne fait pas preuve d'un enthousiasme significatif sur les questions d'élargissements.
La Communauté politique européenne est une réponse à une nouvelle donne géopolitique, qui intervient dans une période de redéfinition de la construction européenne, qui évoque ce qui s'est passé après la chute du mur de Berlin. La construction européenne se divise en trois temps : l'après deuxième mondiale, l'après-guerre-froide, et désormais nous nous projetons dans l'après-guerre en Ukraine, dans un contexte où la domination de l'occident est questionnée. Ainsi l'un des intérêts de la Communauté politique européenne est d'affirmer l'opposition des États membres à la Russie, et doit nous permettre de nous situer sur la position que nous souhaitons adopter quant aux relations Europe-Chine et Europe-États-Unis.