Après avoir échangé avec les syndicats, les agents – dont certains d'ailleurs ont rencontré des difficultés pour obtenir l'autorisation de nous rencontrer – et la sécurité civile, j'apprécie plus encore cette phrase que j'ai déjà souvent citée, et que vous aussi appréciez beaucoup, monsieur le ministre, qui raffolez de répéter combien vous aimez la police : « Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour. »
En effet, aujourd'hui, il y a urgence. C'est elle qui a guidé votre choix de proposer ce texte de réaction. Vous avez beaucoup insisté sur l'urgence. Elle est de nature démocratique, humaine ; elle pèse sur notre capacité à garantir la paix publique. Elle influe sur le nombre de morts, dans la police comme dans la population, sur le nombre de suicides – 1 100 suicides dans la police ces vingt-cinq dernières années.
La seule question essentielle est de savoir pourquoi autant d'agents veulent démissionner ou sont placés en arrêt de longue durée, pourquoi certains finissent par se rebeller, ou dérapent dans la violence, en provoquant leur lot de victimes, à l'extérieur, dans la population, ou à l'intérieur, parmi les forces de police et dans leur famille. Leur mal-être représente un danger, pour eux comme pour les citoyens – pour toute la République.
M. X, policier depuis une vingtaine d'années, me confiait il y a quelques jours : « Ça fait vingt ans, et pourtant je suis encore heureux et fier d'être flic. »