Notre patrimoine est un bien commun précieux que nous devons entretenir et préserver. Il est déjà fragile et les monuments historiques dans les territoires sont trop souvent oubliés, mis au second plan ou mal entretenus. Chers collègues, n'ajoutons pas à cette fragilité des dégradations visuelles supplémentaires ; elles pourraient nuire à notre patrimoine local. L'objectif d'accélérer l'implantation d'énergies renouvelables n'est pas contradictoire avec celui de protéger et de mettre en valeur ce bien commun précieux qu'est notre patrimoine bâti et paysager. Au contraire, ces deux objectifs doivent cohabiter.
Le présent amendement, que j'ai cosigné avec mon collègue Thierry Benoit, propose une réécriture plus souple de l'ancien article 1er CA, permettant d'adapter le périmètre dans lequel s'exercera l'avis conforme de l'ABF. Seules les zones entourant les monuments historiques qui offrent une perspective monumentale ou une vue particulièrement remarquable seront prises en compte. Il est en effet légitime de ne pas imposer un périmètre fixe de 10 kilomètres si les réalités du terrain ne l'exigent pas : par exemple, cela n'aurait aucun intérêt patrimonial pour un monument cerné de forêts ou de collines qui, de ce fait, ne présenterait aucune covisibilité avec des éoliennes.
Néanmoins, l'extension du périmètre est indispensable compte tenu de la taille des éoliennes de nouvelle génération, qui atteignent plus de 140 mètres de hauteur – certaines sont visibles à plus de 30 kilomètres ! La loi doit évoluer pour s'adapter à ces données nouvelles, dans un esprit de conciliation entre la protection du patrimoine et l'urgence écologique et énergétique. C'est pourquoi l'article, tel que nous proposons de le réécrire, doit prévoir la possibilité d'exercer un recours hiérarchique contre l'avis conforme devant le préfet de région, lequel devra départager ces deux intérêts.
Vous l'aurez compris : le respect de l'avis conforme de l'ABF ne constitue pas une entrave ; il évite la naissance de projets qui ne peuvent qu'être refusés par les populations locales, attachées à leur patrimoine.