Beaucoup de choses ont été dites ce soir au sujet de l'immigration. J'ai entendu de nombreuses personnes évoquer l'étranger ; mais pour moi, l'étranger, c'est seulement quelqu'un qui a une autre nationalité que celle de la France. Et pourtant, depuis tout à l'heure, je n'entends parler que du continent africain. Il est à croire que pour certains d'entre vous, le sujet majeur, ce sont les immigrés – les exilés – venus d'Afrique.
Mais je tiens tout de même à rappeler l'histoire intrinsèque qui lie la France – et l'Europe – au continent africain. Nous ne vivons pas dans le passé, mais nous ne l'oublions pas ; il ne faut pas oublier ce qui s'est passé. La France, comme l'Europe, doit beaucoup au continent africain. De nombreuses entreprises françaises prospèrent aujourd'hui grâce à ses ressources ; nombre d'entre elles continuent à se développer grâce à ces mêmes ressources. Cependant, lui avons-nous rendu ce que nous avons pris ? Je ne crois pas. Je vous rappelle les mots de l'ancien président, feu Jacques Chirac, qui avait très nettement dit : « Nous avons saigné l'Afrique ». Il reconnaissait ainsi que nous avions fauté ; que ce n'était pas bien, ce que nous avions fait.
Ceux qui arrivent sur nos territoires, il faut les qualifier d'exilés et non d'immigrés, puisque la plupart du temps, ce sont des gens qui sont dans le besoin, qui fuient la misère ou la guerre. Il faudrait parler de politique d'accueil plutôt que d'immigration. Sommes-nous capables d'accueillir ces gens-là dignement ? La réponse est oui : la France peut le faire, et elle doit le faire. J'ai entendu des chiffres et des taux, s'agissant notamment des reconduites ; mais derrière ces chiffres, il y a des hommes, des femmes et des enfants. Et même si nous raccourcissons les délais des procédures judiciaires, ces hommes, ces femmes et ces enfants continueront d'être présents sur notre territoire, le temps que leurs dossiers soient traités par les tribunaux. Nous devons donc surtout mettre à disposition les moyens nécessaires pour accueillir ces personnes dignement, en traitant leurs dossiers dans le respect et dans la dignité ; c'est ainsi que les bons choix seront faits. Voilà ce en quoi je crois personnellement.
Ensuite, le vrai problème, c'est la manière dont nous traitons celui ou celle qui ne nous ressemble pas. Je veux vous rappeler, à ce propos, une petite anecdote. Suite à mon élection, au mois de juin, je me suis rendu à l'Assemblée, mais ne disposant pas encore d'un badge, je ne pouvais y pénétrer. Arrivé à l'entrée, j'ai sonné pour me renseigner ; une personne est sortie, je l'ai saluée et la première chose qu'elle m'ait dite, avant même que j'aie pu m'exprimer, a été la suivante : « Monsieur, les livraisons, c'est de l'autre côté. »