Intervention de Sibyle Veil

Réunion du mercredi 13 juillet 2022 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Sibyle Veil, présidente-directrice générale de Radio France :

Madame Piron, la durée des COM est traditionnellement établie à cinq ans. Cette durée me paraît indispensable. Comme l'a décrit Madame Ernotte, nous dirigeons des entreprises engagées dans une révolution digitale qui nécessite de prévoir les investissements à réaliser. L'autre raison, qui nous distingue par ailleurs des autres secteurs de l'action publique, est celle de l'indépendance. Pour se prémunir de tout soupçon d'une éventuelle collusion entre le débat politique et la ligne éditoriale ou le traitement de l'information, toutes les grandes démocraties qui nous entourent veillent bien à la dissociation la plus forte possible. Ces garanties sont nécessaires au maintien du contrat de confiance avec nos auditeurs et téléspectateurs, comme on a pu le constater lors de la crise sanitaire. Lors du premier confinement, nos audiences sont montées en flèche car les auditeurs faisaient confiance à France Info pour savoir précisément ce qu'ils devaient faire.

Ce contrat de confiance nécessite aussi le respect de l'impartialité. Monsieur Loubet, lors de la période que vous citez, la première matinale d'information de France, écoutée par 4 millions de personnes chaque matin, a reçu des invités du Rassemblement national une fois tous les jours. L'ARCOM nous a gratifiés d'un satisfecit, rendu public, sur l'ensemble de la période des élections présidentielle et législatives. Nous avons bien respecté nos obligations de pluralisme. Par ailleurs, comment pourriez-vous croire que les 16 millions d'auditeurs qui nous écoutent quotidiennement partagent tous les mêmes convictions politiques ? Si nos audiences ont progressé de 1,5 million d'auditeurs ces dernières années – quand le marché de la radio en perdait 2 millions –, c'est précisément parce que nos offres respectent ce contrat de neutralité et d'impartialité, y compris dans les prises de position de nos chroniqueurs. À ce titre, pour bien distinguer ce qui relève de l'information et de l'opinion, notre rubrique s'intitule « En toute subjectivité ». Chaque matin, un chroniqueur différent traite de l'actualité. Alexandre Devecchio, du FigaroVox, Étienne Gernelle, du Point, Dominique Seux, des Échos, par exemple, interviennent ainsi dans nos chroniques.

Monsieur Gaultier, vous avez lié la question de la gouvernance à celle du montant des ressources alloué à notre secteur. En effet, ce lien est très important. Si une grande réforme bureaucratique telle qu'une fusion était engagée, cela signifierait que nous devrions renégocier toutes nos conventions collectives, en appliquant immédiatement la clause la plus favorable. Nous devrions donc financer une hausse de notre masse salariale ainsi que la mise en commun de tous nos systèmes d'information et de gestion. Ces chantiers bureaucratiques seraient particulièrement chronophages et éloignés des préoccupations stratégiques majeures que nous avons exposées ce matin.

La question du financement est également importante, car nous avons tous procédé à des plans d'économies majeurs, qui se sont traduits par le départ de nombreux salariés, sans toutefois réduire notre offre. Or, nous ne pourrons poursuivre ces efforts plus longtemps. Si de nouvelles économies étaient nécessaires, nous serions contraints d'effectuer des choix structurels. Ces économies ne serviraient pas à compenser une baisse de la ressource qui nous est affectée, mais à financer la hausse de l'inflation qui a un effet majeur sur toutes nos charges, et notamment sur nos salaires.

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