Avec cet article 5, on réalise pleinement dans quelle impasse nous met votre projet de loi. Bien loin de protéger le pouvoir d'achat, comme vous le prétendez, il entérine sa baisse, puisque les revalorisations proposées sont inférieures à la hausse des prix, qui devrait être de l'ordre de 7 % à 8 %. Surtout, il ne faudrait pas donner l'impression que M. Macron offrirait quelque chose aux Français : il ne fait qu'anticiper des revalorisations qui, de toute façon, étaient prévues.
Avant 2015, les prestations sociales étaient indexées sur les prévisions d'inflation pour l'année à venir. Depuis, elles sont revalorisées sur la base de l'inflation moyenne enregistrée au cours de l'année passée. Quand l'inflation s'accroît, il faut désormais attendre plusieurs mois avant que les prestations suivent. Vous ne faites qu'anticiper cette revalorisation.
Le pire, c'est que M. Macron fait en réalité de nombreuses économies sur certaines des prestations qu'il prétend revaloriser. Ainsi, les pensions n'ont pas été revalorisées en 2018, ce qui représente une perte de pouvoir d'achat de 1,4 % ; les prestations sociales ont été sous‑indexées en 2019 et 2020, pour une économie d'environ 10 milliards d'euros. Ces revalorisations entérinent une perte de pouvoir d'achat. Pour les retraites, par exemple, la perte subie depuis janvier, de 1,5 % au moins, ne sera pas rattrapée.
Cet article confirme que le projet de loi entérine une baisse du pouvoir d'achat, et que c'est la grande masse des Français qui paiera l'inflation, et non les profiteurs de crise, qui pourront continuer à faire des profits.