En s'attaquant à l'Ukraine, la Russie a confirmé, et ce n'est pas une nouveauté, qu'elle bafouait les règles les plus fondamentales du droit international. L'annexion illégale de la Crimée, en 2014, n'était qu'un avertissement. Malgré sa posture victimaire, Vladimir Poutine ne trompe personne : l'agresseur, c'est bien la Russie !
La réalité c'est que les troupes russes ciblent délibérément les civils.
La réalité, c'est que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) recense déjà plus de 6 000 civils tués et 10 000 blessés. À ce funeste cortège s'ajoutent les centaines de milliers de déplacés ukrainiens qui tentent de trouver refuge partout en Europe : rien qu'en France, on en compte 100 000 ! Certains d'entre eux sont repartis en Ukraine, d'autres ont choisi de rester. Je salue ici la belle solidarité dont ont fait preuve nos concitoyens qui ont accueilli ces réfugiés.
La réalité, c'est que le pouvoir russe cible systématiquement les infrastructures civiles, notamment les hôpitaux, les transports et les lieux de production d'énergie. Oui, les déplacements forcés, notamment d'enfants depuis la débâcle de Kherson, nous sont insupportables ! Oui, les viols et la torture sont une abomination qui doit cesser ! Oui, ces crimes de guerre ne peuvent rester impunis ! C'est la raison pour laquelle la France a envoyé en Ukraine des experts de la gendarmerie, en particulier à Boutcha, ce qui permettra de recueillir les preuves nécessaires à un futur procès – voilà une coopération salutaire !
Ce sont près de 6 millions de civils qui sont aujourd'hui concernés par les coupures d'électricité en Ukraine et en Moldavie – conséquence du ciblage systématique des infrastructures énergétiques, conséquence d'une stratégie désespérée, conséquence aussi des choix de Vladimir Poutine et de son état-major. Cet hiver, il faut que notre soutien soit plus puissant encore : nous ne devons plus seulement fournir du matériel militaire et un appui diplomatique à Kiev ; nous devons aussi proposer un plan de reconstruction sur le long terme.
À cet égard, réjouissons-nous que le Parlement européen ait voté une aide de 18 milliards d'euros au bénéfice de l'Ukraine. Félicitons-nous également que la France organise, le 13 décembre prochain, une conférence internationale pour créer les conditions d'une aide énergétique. Saluons enfin la pérennisation de l'initiative céréalière de la mer Noire – on parle de l'exportation de plus de 15 millions de tonnes de denrées alimentaires ukrainiennes – et le programme Grain from Ukraine, grâce auquel l'Ukraine concourt à la sécurité alimentaire mondiale.
Toutes ces mesures et ces formes de coopération permettront à l'Ukraine d'être dans la meilleure position possible pour négocier les conditions de la paix. Lors du sommet du G20, qui s'est tenu ce mois-ci à Bali, le président Zelensky n'a pas dit autre chose, appelant chacun des pays présents à peser de tout son poids pour mettre fin à cette guerre destructrice, engagée unilatéralement par la Russie.
Il nous faut cependant rester vigilants, tant les équilibres sont fragiles ! Les adhésions de la Suède et de la Finlande à l'Otan ne sont pas encore effectives. La centrale nucléaire de Zaporijjia reste le théâtre d'opérations, si bien que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) doit constamment lutter pour assurer sa protection. Notre engagement ne peut se faire sans trouver des alternatives aux approvisionnements russes qui, jusqu'alors, représentaient la moitié des importations européennes de gaz et près du quart des importations de pétrole. Les pays qui ont su réduire leur dépendance aux importations de gaz russe de 20 %, comme l'Autriche, nous montrent la voie à suivre.
Enfin, condamner la Russie doit nous amener à condamner tout aussi fermement la Biélorussie d'Alexandre Loukachenko, qui a permis l'attaque de l'Ukraine par le nord.
Parce que notre soutien au peuple ukrainien est le moteur de sa résistance héroïque, le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires votera avec force et conviction la présente résolution.