Il a été beaucoup question des services pédiatriques des hôpitaux récemment, mais la saturation touche aussi cette spécialité en médecine de ville : un quart des enfants n'ont pas accès à un pédiatre. En pleine crise de la pédiatrie, François Braun disait que la médecine de ville devait prendre sa part. Nous avons donc appelé les pédiatres. « Je travaille de neuf heures à dix-neuf heures sans pause, c'est-à-dire dix heures non-stop chaque jour. Je ne peux pas faire plus. On est à bloc », m'a expliqué une pédiatre.
Nous avons passé les débats sur le PLFSS à parler de prévention. Comment être crédible en matière de prévention quand 600 000 malades chroniques n'ont pas de médecin traitant ?
Notre système de santé est aux abois, ce qui aura forcément des conséquences dramatiques. Citons le témoignage de Daniel, qui vit dans le centre de la France. « J'ai eu cette tumeur il y a quelques années, et ça vient de se remettre à enfler. Je ne suis pas du genre inquiet, mais j'ai préféré consulter, voir un spécialiste », dit-il. Et d'expliquer que son médecin étant parti à la retraite, il ne parvenait pas à avoir un rendez-vous car les autres praticiens n'avaient pas de disponibilités avant deux semaines ou ne prenaient pas de nouveaux patients. « J'ai appelé la clinique, mais elle ne prenait pas sans ordonnance. Je suis allé faire la queue chez SOS Médecins. Au bout de plusieurs heures, j'ai été reçu et j'ai enfin eu mon ordonnance. Mais le médecin m'a expliqué qu'il ne pourrait pas assurer mon suivi. Si c'est la tumeur qui revient, il n'y aura donc personne pour me suivre », raconte Daniel.
Comment a-t-on pu passer du meilleur système de santé à celui qui ressemble de plus en plus à l'hospice ? Les causes sont politiques. Comme la pénurie de médicaments, la pénurie de médecins ne tombe pas du ciel mais résulte de choix politiques. Depuis vingt ans, nous savons qu'une pénurie nous frapperait. Nous y voilà. Nous payons les conséquences de ce laisser-faire politique.
Les réponses, elles aussi, seront politiques. Si M. le ministre organise dans tout le pays des concertations, si l'on entend chaque jour des débats télévisés sur les déserts médicaux, si chaque semaine, nous nous faisons interpeller par nos concitoyens, il y a un endroit où nous sommes privés de débat sur les déserts médicaux : l'Assemblée nationale. Nous devons ce débat aux Français. Je regrette donc que la Première ministre le refuse.