Je tiens à commencer mon intervention en exprimant ma profonde et sincère amitié au peuple arménien.
Le 27 septembre 2020, l'Azerbaïdjan a rompu le cessez-le-feu avec l'Arménie qui prévalait depuis 1994, en attaquant le territoire du Haut-Karabakh, territoire ancestral du peuple arménien. Lors de cette opération, l'Azerbaïdjan a bénéficié du soutien matériel et militaire de la Turquie. Cette guerre des Quarante-quatre Jours a fait plus de 6 500 morts, dont plus de 4 000 Arméniens, pour partie des jeunes de 18 à 20 ans. C'est aussi sans compter les nombreux prisonniers dont nous réclamons la libération.
Le 9 novembre 2020, après ce conflit des Quarante-quatre Jours, un cessez-le-feu a été conclu sous la forme d'une déclaration trilatérale, sous l'égide de la Russie qui s'était instituée médiatrice. Une force d'interposition russe de plusieurs milliers de soldats était censée le faire respecter. Depuis, les Azerbaïdjanais n'ont de cesse de mener de nombreuses attaques et de commettre de nombreuses exactions sur le terrain. La population et les villages arméniens font l'objet de harcèlements presque quotidiens, voire d'attaques meurtrières. Le gazoduc qui alimente les habitants de l'Artzakh depuis l'Arménie a été endommagé au mois de mars 2022, plongeant dans le froid une population déjà soumise à des conditions de vie d'une grande dureté.
Les 13 et 14 septembre derniers, un pas supplémentaire a été franchi avec l'offensive militaire de l'Azerbaïdjan contre le territoire de la république d'Arménie, qui a causé la mort de plus de 200 personnes. Une nouvelle fois, l'Azerbaïdjan a agressé l'Arménie. Je salue le fait que notre assemblée puisse dénoncer avec vigueur la reprise des hostilités et que nous puissions collectivement exprimer notre totale solidarité avec le peuple arménien.
Ce pays est une démocratie menacée dans une région où existent de multiples conflits gelés, dans un contexte historique de reprise de guerre hybride et de haute intensité dans le monde. Le cessez-le-feu de 2020 n'aura finalement été qu'une pause dans ce conflit : il s'est, hélas, traduit sur le terrain par une suite ininterrompue d'incidents et de drames humains.
À plusieurs reprises, je me suis rendue en Arménie et au Haut-Karabakh, notamment au mois de décembre 2020 avec Olivier Faure, pour constater non seulement les conséquences de cette guerre, mais aussi et surtout le courage et la résilience du peuple arménien si durement éprouvé. Au mois de novembre de la même année, les sénateurs et, au mois de décembre, les députés de tous bords, ont respectivement voté une résolution pour affirmer haut et fort notre soutien à la protection du peuple arménien. Notre détermination n'a pas changé. Je le dis solennellement : notre assemblée doit appeler à une reconnaissance des frontières d'avant le 27 septembre 2020.