« Je n'ai pas tant eu peur pour ma vie qu'à l'idée de ne jamais revoir mes parents ni mon frère » : ce sont les paroles glaçantes d'une jeune femme arménienne au lendemain des attaques des l2 et 13 septembre derniers à Sotk, village situé à l'intérieur de la république d'Arménie, à dix kilomètres de la frontière avec l'Azerbaïdjan. Ce fut le premier acte d'une agression massive par l'Azerbaïdjan en territoire souverain de la république démocratique d'Arménie depuis la signature en 2020 du cessez-le-feu mettant fin à la guerre des Quarante-quatre Jours au Haut-Karabakh.
Déjà, en 2020, dans la région autonome enclavée du Haut-Karabakh, les Arméniens, majoritaires à 95 %, avaient été victimes d'une agression féroce de l'Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie. Cette agression, disproportionnée en nombre d'hommes et en matériel, avait été menée au mépris du droit international.
Depuis ces terribles jours de septembre dernier, la barbarie s'est de nouveau installée en terre arménienne : au Haut-Karabakh, encore, et maintenant à l'intérieur des frontières souveraines de la république d'Arménie. Les violations du cessez-le-feu sont, depuis, quotidiennes. Aux violences militaires s'ajoutent des actes de cruautés, sur les hommes comme sur les femmes, militaires ou civils, ainsi que des violences psychologiques visant à intimider et à déstabiliser les populations arméniennes, en diffusant par exemple, au moyen de haut-parleurs placés à la frontière, des messages de haine et des menaces, aux cris d'Allahou akbar, sans oublier la présence volontairement visible et provocante des soldats azerbaïdjanais.
Depuis 2020, ce sont des milliers de morts militaires et civils, des centaines de prisonniers détenus dans des conditions d'humiliation contraires au droit international de la guerre et des milliers de déplacés que nous devons déplorer en république d'Arménie et dans la région du Haut-Karabakh – oui, mes chers collègues, que nous devons déplorer : ils sont nos morts, nos déplacés, nos prisonniers.