Le 9 avril 1916, alors que le gouvernement des Jeunes-Turcs massacre la minorité arménienne de l'empire ottoman, perpétrant ainsi le premier génocide du XX
Il y a deux ans, l'Azerbaïdjan, aidé et même piloté par la Turquie, a lancé une offensive contre le Haut-Karabakh. Violant toutes les conventions internationales, le régime d'IIham Aliyev a conquis une grande partie de ce territoire historiquement peuplé d'Arméniens. Depuis, malgré un accord de cessez-le-feu, l'Azerbaïdjan a plusieurs fois violé les frontières internationalement reconnues de la république d'Arménie : en mai et en novembre 2021, ainsi que les 13 et 14 septembre derniers. Pendant deux jours, les forces armées azerbaïdjanaises ont bombardé sans relâche de nombreuses localités arméniennes, visant des infrastructures civiles comme des écoles et des zones résidentielles.
Désormais, près de cinquante kilomètres carrés du territoire souverain de l'Arménie se trouvent sous occupation azerbaïdjanaise. Plus que jamais, l'Arménie est menacée dans son existence même. Si nous en sommes arrivés là, c'est aussi en raison du silence assourdissant de la communauté internationale, en particulier de l'Union européenne : or c'est précisément ce que vous oubliez de rappeler dans votre proposition résolution.
N'oublions pas que l'Union européenne a toujours mis sur le même plan l'Azerbaïdjan et l'Arménie, l'agresseur et l'agressé. Elle n'a jamais eu le courage de se dresser face aux provocations du président Erdo?an. Souvenez-vous, chers collègues, que Mme von der Leyen était à Bakou il y a quelques mois pour négocier de nombreux contrats d'importation de gaz, allant jusqu'à qualifier M. Aliyev de « partenaire fiable » : des milliards d'euros pour remplacer le gaz russe, des milliards qui, non seulement, n'ont pas arrêté la guerre en Ukraine, mais qui ont encouragé l'Azerbaïdjan à agresser l'Arménie. Comment sanctionner – à juste titre – Vladimir Poutine d'un côté et encenser Ilham Aliyev de l'autre ? Comment condamner – à juste titre – l'autoritarisme et l'emploi de la force d'une part, et les encourager d'autre part ? C'est cette hypocrisie que le peuple arménien ne supporte plus.
Le peuple arménien, que nos dirigeants – de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron – ont toujours qualifié de « nation sœur », attend désormais autre chose que de simples déclarations. Le temps est à l'action et à des mesures fortes pour apporter une aide concrète à l'Arménie. Le pétrole et le gaz azerbaïdjanais auraient-ils une meilleure odeur que le pétrole et le gaz russes ?